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histoire de l'abbaye des écharlis

Rouge et de ce qui en dépend à Villeneuve-sur-Yonne, ainsi que les fiefs de Beauciard, Vauxmorin, etc.

Faut-il croire que le seigneur de Champlivaut imite Odet de Coligny, détruit l’abbaye et empoisonne les moines, sauf quelques-uns qui se sont enfuis ou se trouvent à la Maison-Rouge ? Les mœurs et les cruautés de l’époque rendent plausible cette assertion de la Gallia Christiana.

Le seigneur de Champlivaut n’en profite d’ailleurs que peu d’années, laissant une veuve, la dame de Barbançon et de Vauxmorin qui plaide, en 1604[1], contre le seigneur de Saint-Martin au sujet de la propriété de Vauxmorin. Elle a acquis, dit-elle, ce fief lors de l’aliénation des biens ecclésiastiques en 1595 ; toutefois, les religieux ont le droit de rentrer dans ce bien, en remboursant le principal et les loyaux coûts. De fait, en 1616, l’abbaye rembourse à la dame de Viault 2.943 livres (environ 17.658 fr.) et devient de nouveau propriétaire de ce domaine.

L’aliénation dont il est question a été générale. Pour acquitter leurs dettes, satisfaire aux impositions royales, aux charges de toute sorte et à d’indispensables réparations, les monastères, dont les terres sont en friche par suite des guerres, sont obligés de vendre de grandes propriétés, se réservant le droit de les racheter en des temps meilleurs.

Ce manque de ressources, cet état des campagnes empêchent sans doute les religieux de remplir leurs obligations envers les curés de Villefranche ; mais, le calme revenu, ceux-ci réclament leurs droits.

Le 1er mars 1597[2], une sentence du bailliage de Sens condamne l’abbé et les religieux des Écharlis à payer au curé de Villefranche, chaque année à la Saint-André, dix setiers de grain par tiers en froment, méteil et avoine, pour les droits de dîme appartenant au curé aux Écharlis.

Le 3 mars 1619[3], Martin Thoratier, demeurant au bourg de Villefranche, cède, au nom de Boisseau, procureur des religieux, à Loup Charpentier, curé de Villefranche, 2 setiers de froment, 2 setiers de méteil, 2 setiers d’avoine, à raison de 8 bichets par setier, à percevoir chaque année pendant les quatre ans que Boisseau doit encore faire. Le curé décharge

  1. Salomon, Histoire de l’abbaye des Écharlis.
  2. H 658, liasse.
  3. H 665, liasse.