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histoire de l’abbaye des écharlis

coutume. Une année il vient dans cette ville, fatigué et malade[1]. On lui conseille de prendre les eaux d’une fontaine minérale[2] située à Villare, dans la propriété de l’abbaye des Écharlis, Louis le Gros suit ce conseil : il se trouve soulagé par les eaux de la fontaine et content des religieux. Aussi, par reconnaissance et parce qu’il « est juste d’étendre miséricordieusement la main sur les établissements religieux, qu’il s’acquitte ainsi d’une fonction royale et attire sur lui les bénédictions de N. S. », il laisse, par une charte[3] faite à Étampes en 1131, à Jean et à ses religieux, sur le territoire de Vaumort, autant de terrain que quatre charrues peuvent mettre en rapport, une partie de la forêt d’Othe et le droit d’usage dans toute cette forêt. La même année, il accorde aux moines le droit de moudre au moulin de Fossemore le grain nécessaire à leur consommation dans leur maison de Vaumort, sans avoir à payer ni mouture, ni coutume[4].

Cette donation a fait croire que les Écharlis avaient été fondés par Louis le Gros. Dans la déclaration de Dom Choppin, du 28 janvier 1790[5], on lit en effet « l’abbaye des Écharlis fondée par Louis le Gros l’an 1129 ». On le croyait déjà au xive siècle : une lettre de Jean le Bon de 1361, reproduite dans une lettre de Charles VI de 1381[6], les dit de fondation royale « de fundacione regia ». Un religieux des Écharlis a même composé une pièce de vers[7], où il raconte que Louis le Gros, faisant venir des moines de Pontigny, a fondé le monastère de « Chaalis » pour que Dieu reçoive rame de Charles, son frère, « au saint trosne des cieux », et par une étymologie fantaisiste, il fait dériver du nom de Charles celui de « Chaalis ».

  1. Quantin, Répertoire archéologique du département de l’Yonne, p. 149. — Notice sur Saint-Julien-du-Sault, par M. Tonnellier, Annuaire de l’Yonne de 1842.
  2. Voir à la fin ce qui concerne cette fontaine.
  3. Quantin, Cartulaire de l’Yonne, I, p. 286.
  4. Salomon, Histoire de l’abbaye des Écharlis, Soc. des Sciences de l’Yonne, 1852.
  5. Arch. de l’Yonne, Q 348.
  6. Arch. Nat., JJ 415.
  7. Bibliothèque Nationale, Baluze ms. 38. Voici le début de cette pièce fantaisiste, rédigée, semble-t-il, au xvie siècle :
    « S’ensuit le contenu d’un tableau en vieux rimes et vers fran-