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histoire de l’abbaye des écharlis

verges par l’exécuteur de la haute justice des Écharlis, en trois endroits de la seigneurie : devant le grand portail de l’abbaye, à la borne qui sépare la seigneurie des Écharlis de la terre de Villefranche et, enfin, devant le portail de l’église d’Arblay. Il avait confisqué ses biens, ordonné d’y prendre 4 livres parisis (environ 52 fr.) pour réparation civile à Le Torneulx, la valeur de ce qui a été volé et ne peut être restitué, la restitution de ce qui peut être rendu, puis défendu à Brouard de récidiver sous peine de plus grande punition corporelle.

Sur appel du condamné, la Cour annule la sentence du prévôt : elle ne confisque pas les biens, mais condamne Brouard à être déshabillé et battu de verges aux lieux habituels des Écharlis, à payer 40 sols parisis (environ 26 fr.) d’amende aux seigneurs des Écharlis et 40 sols parisis à Le Torneulx, à rester en prison jusqu’au paiement de ces sommes et aux dépens du procès.

Pellissier[1] est heureux sans doute de laisser les Écharlis pour une autre abbaye plus proche de son siège épiscopal. Comme les religieux, il doit trouver ce changement beaucoup trop lent. C’est en effet le « 15 mars 1545 » que « le Roy[2] a accordé à M. le cardinal du Bellay, abbé de Saint-Honnorat au diocèse de Grâce, et à l’Evesque de Montpellier, abbé de l’abbaye des Eschalliz au diocèse de Sens, qu’ilz puissent en faveur l’un de l’autre résigner et permuter lesd. abbayes ». Ce changement a lieu seulement soit à la fin de 1546, soit peu après.

Jean du Bellay, successeur de Pellissier, est archevêque de Bordeaux, cardinal d’Ostie et abbé de Pontigny. Il a un chargé d’affaire en cette abbaye ; on ne sait s’il en a un aux Écharlis. Il ne paraît dans aucun de ces deux monastères. C’est un prélat de talent : il reçoit de François Ier les missions les plus importantes, joue un grand rôle à la révolte de Henri VIII contre le pape, mais, selon la judicieuse remarque de l’abbé

  1. En 1545, Jean Henry et autres reconnaissent qu’ils doivent chaque année à l’abbaye cinq setiers de froment pour une masure et 40 arpents de terre à Chêne-Arnouit. (H 640, liasse.) — En 1549, un arrêt du Parlement condamne Jean David, écuyer, seigneur de Triguères, à payer à l’abbé des Écharlis 4 setiers de froment et 8 anguilles à cause d’un moulin. (H 656, liasse.)
  2. Bibl. Nat., fonds français, 5.127, fol 2.