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histoire de l'abbaye des écharlis

sur une aultre pièce de terre tenant aux usages dudit Sommecaise ; item, sur le champ de la Boucheure de la Justice… ; item au champ de feu Antoine Dirmas, près la Justice ; sur le pré au clerc… ; itelim, au cha>mp de la veuve feu Anthoine Joard ; et en iceulx ont par force et violence levé le droit de disme… jurans et blasphemans le nom de Dieu ; menassans les gens qui debvaient lesd, dismes de les battre, pour ce qu’ilz leur disaient qu’ilz n’avaient auscun droit esdiz dismes ; tuant de leurs hacquebuttes et arlallestes poulletz, oyes et oisons et prenans par force sur eux tant les gerbes dud, disme que les leurs, en troublant, empeschant lesd, exposans en leur possession et saisine… »

Le 11 mars suivant, Boucher cite devant « Monseigneur le bailly de Sens ou son lieutenant au siège de Villeneuve-le-Roy, père Guillaume de Montbonyn, dit de la Pierre, Jacques Gaillard et un nommé frère Claude, tous religieux de l’abbaye d’Eschalis, pour répondre sur les excès, voyes de fait, violences et autres délietz et maléfices dont ils sont chargez ».

De leur côté, les moines des Écharlis poursuivent, au sujet de ces dîmes, l’abbaye de Saint-Germain, les 9 février et 12 juin 1539.

Nous ne savons si une sentence est rendue ou si les parties font un accord. En tout cas, cette conduite des religieux prouve à quel point l’esprit monastique a diminué.

Comme les autres abbayes, les Écharlis deviennent un apanage. Le premier abbé commendataire est nommé en 1530 ; c’est Jean de Langeac, évêque d’Avranches, puis de Limoges.

« Ce prélat[1], dit Copley Christie, savant lui-même, fut partout l’ami et le protecteur des gens lettrés… il prenait plaisir à employer sa grande fortune à encourager la littérature et tes arts… ce fut à sa générosité que Limoges dut son palais épiscopal et le jubé merveilleusement travaillé de sa cathédrale. » « En 1530[2], Jean de Langeac… passant par Padoue pour se rendre, comme ambassadeur de France, à Venise, prit Étienne Dolet, jeune étudiant, à Cordoue, pour secrétaire. Dans son dialogue de Imitatione Ciceroniana qu’il lui dédia, en 1533, n’ayant que 24 ans, Dolet termine un magnifique éloge de Langeac par ces mots : « Laissez-moi ajouter

  1. Coplet Christie, p. 37, cité par J. Guiraud, Histoire partiale, Histoire vraie, p. 236.
  2. J. Guiraud, Histoire partiale, Histoire orale, pp. 236 et 237.