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histoire de l'abbaye des écharlis

collège Saint-Bernard, à Paris, mais cette assemblée ne décrète aucune réforme sérieuse[1].

Le fait suivant montre bien la déchéance de la vie monastique et la gravité des abus.

Les moines des Écharlis sont assignés[2], le 17 février 1539, par G* Boucher, lieutenant du bailli de Sens, à la requête de l’ « abbé et couvent de Saint-Germain d’Auxerre, seigneurs propriétaires, damoisdle Marie de Néel, Philippe et Jehan de Corguilleray, ses enfants, seigneurs usufruitiers de Sommecaise, et messire Jacques Bouvier, prêtre curé de Saint-Martin dudict Sommecaise ».

Bouvier et les religieux de Saint-Germain disent : «… qu’à eux appartiennent par indivis toutes les dismes de la paroisse de Sommecaise, savoir : froment, seigle, orge, avoine et autres grains, lesquelx entre eux se divisent après la cueillette d’iceulx faicte en la grange du boisseau, et les pailles pareillement d’iceulx provenuz, courtez et longuez et de ce sont en bonne possession et saisine de lever et percepvoir lesdites dismes tant par eux que par leurs vicaires ou commis, iceulx admener ou faire admener en la grange dismeresse dudit Sainct Caise… ou les tenir en leurs mains… ou les bailler à ferme… en possession et saisine qu’il n’a esté et n’est loisible aux religieux, abbé et couvent d’Escharlis ou autres personnes quelconques troubler et empêcher lesdits… en leur possession et saisine… »

« Ce nonobstant, puis an et jour en deçà les religieux et couvent de lad, abbaye de Nostre Dame d’Eschalis et entr’autres ung nommé frère Philippe de Montbonin dict La Pierre, frère Jacques Gaillard, dict Chaillouse, garnys d’espées à leurs coustez et hallebardes sur l’espaule, accompaignez de vingt à vingt-cinq hommes de piedz, la plus grande partie barbetz, adventuriers, garnys d’allecretz[3], hacquebuttes, arbalestes, piques, arondelles, espées, sancquededez[4] et aultres basions invasifz, se sont transpourtez en et sur une pièce de terre… assise sur le grand estang dudit Saint Caise…,

  1. Jarossay, Histoire de l’abbaye de Fontainejean.
  2. Archives de Bontin.
  3. Corps de cuirasse articulé de lames bien longues.
  4. Belle arme d’origine vénitienne dont la garde était dorée, la poignée de « nacque de perle », le pommeau plat enrichy de gravures de grand style ; sa lame courte et large était aussi souvent ornée de très belles gravures. (Archives de Bontin.)