Page:Edmond Régnier - Histoire de l'abbaye des Écharlis.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
259
histoire de l’abbaye des écharlis

ciens, ont voulu forcer les religieux de plaider devant eux pour les différends concernant ces terres… Mais nous avons égard à la supplique des religieux. Suivant les traces de nos prédécesseurs, persuadé que nous agissons dignement lorsque, dans les temps actuels, usant de notre pouvoir, nous préservons de toute opposition les églises et leurs ministres qui, le jour et la nuit, sont voués au service divin, afin de participer à leurs prières et d’obtenir plus facilement les biens spirituels, nous accordons auxdits religieux et à leurs successeurs que dorénavant toutes leurs causes soient portées au bailliage de Sens, devant le bailli et les officiers de ce bailliage, comme si le comté de Joigny dépendait de Sens et comme on faisait avant que ce comté en soit détache. Nous ordonnons au bailli de Sens et à tous nos officiers judiciaires du bailliage de Sens, présents et futurs, de veiller à ce que les religieux jouissent de ce privilège, et à notre bailli et autres officiers judiciaires et royaux de Troyes de garder sur ce privilège un silence perpétuel. Fait à Villeneuve en décembre 1361. » Ces lettres sont confirmées en décembre 1376 par Charles V et en décembre 1381 par Charles VI[1].

En outre, Jean le Bon donne[2] à l’abbaye 500 arpents de bois dans la forêt d’Othe et du Palteau, avec le droit de pâturage dans le reste de la forêt.

Combien de temps les Écharlis sont-ils abandonnés ?

L’état déplorable des bâtiments claustraux et de l’église ne permet pas aux religieux d’habiter dans l’abbaye ni d’y reprendre leur vie monastique et, en 1373, l’élection de Baudoin, trentième abbé, a lieu à Villeneuve-sur-Yonne[3]. Mais il est probable qu’après la paix de Brétigny (1360) et le départ des Anglais, surtout après que Bertrand Duguesclin eut purgé la France des grandes compagnies (1366), plusieurs religieux sont revenus au monastère. Ils se logent tant bien que mal dans les bâtiments qui ne sont pas complètement détruits, célèbrent leurs offices dans la petite chapelle d’entrée et recommencent, avec l’aide des habitants de la campagne, à cultiver les terres. Bientôt, cependant, la guerre ayant sans doute empêché leur recrutement, ils ne sont plus assez nombreux pour exploiter leurs propriétés et sont obligés d’en louer.

  1. Arch. Nat., J J, n° 415.
  2. Salomon, Histoire de l’abbaye des Écharlis.
  3. Gallia Ghristiana.