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histoire de l'abbaye des écharlis

même ce procès. Les Écharlis remontent donc aux premières années du xiie siècle*

Leur fondation est racontée sur une pancarte[1] ou feuille de parchemin de très grande dimension qui était sans doute affichée dans le monastère et qui contient en latin, de l’écriture du xiie siècle, la copie ou le résumé des donations du fondateur et de quelques autres notables personnages.

Au commencement du xiie siècle, vit à La Ferté-Loupière, non loin de Villefranche, un pieux chevalier nommé Vivien, fiancé à une jeune fille du nom d’Aoidis, mais appelée plus communément Damet. Il n’est bruit alors dans toute la Bourgogne que de l’abbaye de Cîteaux et de la vie toute de piété et de travail que les religieux y mènent. Vivien pense qu’il ferait une œuvre vraiment chrétienne et rendrait un immense service à la contrée, s’il établissait quelques-uns de ces bons ouvriers de l’Évangile, de ces agriculteurs émérites, dans le domaine qu’il a hérité de ses pères. Il possède, entre Villefranche et Sépeaux, un lieu dit les Écharlis[2] ; il le fait servir à son pieux dessein. Par un acte solennel, « il donne pour le salut de son âme et de l’âme de ses ancêtres, à Dieu, à la Sainte Vierge et à tous les saints, en la personne du prêtre Étienne et de ses compagnons Thibault et Garnier et de tous leurs successeurs, le lieu appelé les Écharlis, pour y bâtir un monastère ». Il charge son intendant de Sépeaux, nommé Foulques, de délimiter sa donation à l’Ouest, mais, du côté de Sépeaux, il donne aux religieux, pour leur propre usage, dans la forêt de Wèvre, autant de terrain qu’ils en voudront défricher et convertir en pré. De plus, il leur concède le droit d’usage dans toute cette forêt, c’est-à-dire le droit de couper du bois pour eux et de faire paître leurs porcs et tous leurs autres animaux domestiques, sans causer de dommages. Cette donation, approuvée par le frère et la fiancée de Vivien, Étienne et Damet, est faite en présence de l’archiprêtre Isambard, de Léleric, chapelain de La Ferté, du clerc Dodon, de Simon de Prunoy, d’Isambard le Gros, d’Isambard, dit MâchePain, et d’Osmond, écuyer de Vivien. Comme on le voit, il ne s’agit point de religieux venus d’un monastère, mais d’un prêtre séculier. Étienne et ses compagnons prennent la règle de Cîteaux et se rattachent sans doute à cet ordre.

  1. Arch. de l’Yonne, H 647, liasse.
  2. Aujourd’hui les Vieux-Écharlis.