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Cudot en 1180 et 1200. À son second voyage, elle atteste et ratifie par une charte[1] datée de Cudot (novembre 1200), que l’un de ses bourgeois d’Égriselles, Raoul de Vaumort, a donné à perpétuité, à l’abbaye, sa personne, sa maison, ses terres, tout ce qu’il possède à Égriselles.


l’abbaye à son apogée

À la date du xiie siècle, les religieux des Écharlis possèdent de vastes domaines et jouissent de la protection des autorités religieuse et civile. Ils doivent être commodément installés dans de vastes bâtiments claustraux avec de grandes dépendances. Ils sont sans doute très nombreux. Beaucoup sont disséminés dans les granges ou fermes appartenant à l’abbaye, pour les cultiver, et il faut une immense maison pour les recevoir quand ils viennent aux retraites. De plus, comme les lettres, les sciences et les arts ne sont guère en honneur que dans les monastères, il est probable que des élèves s’instruisent aux Écharlis. Les communs sont considérables, car tout se fait à l’intérieur du couvent.

L’abbaye possède aussi son église, dédiée, comme toutes les églises cisterciennes, à la Sainte Vierge : beaucoup de donations sont faites, en effet, à « l’église Sainte-Marie des Écharlis et aux frères qui y servent le Seigneur, sanctœ Mariœ de Scarleiis et fratribus ibi Domino servientibus ». Mesurant environ 75 m. sur 20 m.[2], elle est très belle et très vaste, si nous en jugeons par les églises monacales construites à cette époque. Aucun document ne mentionne la date de construction, ni les architectes, ni les bienfaiteurs.

Le monastère peut remplir son but : adorer Dieu, honorer les lettres, les sciences et les arts, défricher les terres, les cultiver, enseigner à les cultiver. Son église se prête aux belles cérémonies. L’un des religieux a écrit la vie de Sainte Alpais, certains ont fait construire les bâtiments claustraux et l’église ; d’autres s’adonnent aux arts libéraux ou aux travaux des champs ; tous donnent l’exemple d’une vie sainte et laborieuse.

Si, jusqu’à la guerre de Cent Ans, les donations sont moins nombreuses, l’abbaye, habilement dirigée, accroît encore ses

  1. Quantin, Cart. de l’Yonne, II, p. 512.
  2. Salomon, Histoire de l’abbaye des Écharlis.