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histoire de l'abbaye des écharlis

tention de parler des personnes qu’autant qu’elles sont liées aux prodiges de la Sainte, il peut passer sous silence le nom de l’archevêque de Sens, Guillaume de Champagne. Ne pourrait-on dire aussi qu’il n’en parle pas parce qu’il est mécontent de voir installer des chanoines de Saint-Augustin près de Sainte Alpais. Il ne parle qu’incidemment de l’abbé des Écharlis (II, 14) et ne le nomme même pas. C’est pourquoi il donne si peu de renseignements historiques : la mort de Gilduin, abbé de Fontainejean (II, 12), la mort du comte de Joigny et la visite que sa mère, la comtesse de Châteaurenard, fit, à la sainte (II, 13) ; la levée de l’excommunication du comte de Vendôme (IV, 6). On n’y trouve aucune date. L’auteur a donc pu être un religieux des Écharlis.

Quoi qu’il en soit, c’est un lettré : son style est clair et vif, surtout dans certains chapitres, son latin assez pur. Sa sincérité et sa véracité éclatent en plusieurs endroits. Tout ce qu’il raconte, il le tient de Sainte Alpais elle-même, de religieux, du curé de Cudot et d’autres nombreux témoins.

On ne sait s’il est l’auteur de l’Appendice. Dans les sept chapitres, on trouve reproduites des locutions contenues dans les quatre livres ; mais le latin est moins pur et la diction moins claire. Comme cet Appendice ne nous dit rien des dernières années d’Alpais, on croit qu’il a été écrit peu après la biographie.

Quels furent les rapports de la Sainte avec l’auteur de sa vie et les autres religieux des Écharlis ?

Voici ce que nous en dit G., son biographe. Il vient très souvent la voir et constate des choses merveilleuses dont il donne le récit détaillé. Il s’assure par lui-même qu’elle ne prend aucune nourriture (I, 10).

Si Sainte Alpais a, pour les religieux, une profonde estime, les moines témoignent à la recluse le plus légitime dévouement, le plus grand respect, la plus grande vénération et font connaître au loin sa vie miraculeuse[1]. Aussi on accourt pour la voir : de grands personnages lui rendent visite. La reine Adèle, mère de Philippe-Auguste, vient deux fois à

  1. Vie merveilleuse de sainte Alpais, par l’abbé Tridon, 1886, Séguin frères, Avignon. — Vie de sainte Alpais par l’abbé Boulet, imprimerie de Sainte-Alpais, à Cudot. — Voir aussi, à titre de comparaison, l’article de Mme  Goyau dans la Revue des Deux Mondes du 15 août 1913, sur les recluses du Moyen Âge.