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histoire de l'abbaye des écharlis

parlé (II, 14), est mort en 1179. Enfin le biographe rapporte un fait qui s’est passé à la fin de l’année 1180 (IV, 6) : la levée de l’excommunication du comte Jean I de Vendôme» excommunié en 1177 par Jean de Salisburg, cvêque de Chartres, à la suite d’injustices contre les moines de Vendôme. L’original est donc postérieur à 1180 ; mais, comme il ne nous dit rien des dernières années de la sainte, on croit que les quatre livres ont été composés vers 1184.

L’auteur de cette biographie ne se nomme nulle part ; il est prêtre et moine cistercien. Disciple d’un saint prêtre, nommé Richard, sur la tombe duquel des miracles ont été opérés, dit-il, non loin de Vendôme (IV, 6), il peut être, lui aussi, de Vendôme ou des environs. Il doit appartenir à une famille riche, car il écrit (IV, 6) : « Ce prêtre a été mon maître et m’a instruit, dès mon enfance, dans la maison de mon père, » Il a cependant l’occasion de se faire connaître. Sainte Alpais (II, 3) reproche au curé de Cudot d’avoir parlé de ses visions à deux religieux, leurs amis communs. Elle les nomme, mais le biographe ne donne que les initiales : P. et G. Le premier est connu : son nom revient dans le récit (II, 12 ; IV, 13) ; c’est Pierre, moine des Écharlis, intimement lié avec Alpais, dont il a connu la sainteté avant tous par une vision. C’est sans doute son directeur de conscience et peut-être son confesseur. L’autre G. est le biographe lui-même. Ce ne peut être Guillaume Burgant qui donne sa part du bois Joscelin à l’abbaye en 1186 et s’y fait religieux en 1193, puisque la biographie a été composée peu après 1180. Nous ignorons donc son nom.

Appartient-il à l’abbaye des Écharlis, ou a-t-il été envoyé a la demande de l’archevêque de Sens ou des religieux, par le Chapitre de l’ordre» pour écrire la vie de la sainte ? Certains ont déduit cette seconde hypothèse de ce que l’auteur dit (II, 7) : Quamdam abbatiam ordinis nostri quæ Scaldeiæ nuncupatur, une abbaye de notre ordre qu’on appelle les Écharlis. Il suffit de considérer le but de l’auteur pour rejeter cette hypothèse. Il n’a pas l’intention de faire une histoire proprement dite. Ce qu’il veut faire, c’est un récit édifiant pour ses frères, le récit des merveilles de la vie de Sainte Alpais, ses prédictions, lies prodiges et les guérisons opérés par ses prières ; il écrit pour tous les cisterciens, ses frères très chers, fratres carissimi (I, 10). Il peut donc se servir de cette expression : quamdam abbatiam ordinis nostri et, comme il n’a l’in-