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histoire de l'abbaye des écharlis

de Guillaume, comte de Joigny, constatant que Gérard de Chanle (Champlay, près de Joigny) a donné à l’église des Écharlis 6 arpents de pré près de Champlay et 10 sols de cens. Il date cette charte de 1108[1], mais c’est une erreur. En examinant cette date, on trouve 1128 ou 1198, Il est très probable, cependant, que ce monastère fut fondé au commencement du xiie siècle, avant Pontigny. Le fondateur aurait, en effet, demandé à cette abbaye d’envoyer des religieux aux Écharlis, comme Milon de Courtenay le flit en 1124 pour Fontainejean (Loiret). On verra qu’il n’a pas fait venir des moines de La Ferté, comme le veut la Gallia christiana, ni d’autres monastères, et c’est à tort que Gaignières nomme les Écharlis « première fille de Fontenay », ou que de nombreux actes font suivre leur nom de ces mots : « Filiation de Clairvaux[2]. » On ne peut les affirmer postérieurs à ces abbayes. De plus, l’importance qu’ils ont vers 1132 et qui force le troisième abbé, Guillaume, à transférer le monastère, suppose bien une vingtaine d’années d’existence « Post longum autem tempus[3], » Enfin Séguin qui, vers 1136, poursuit Guillaume à ce sujet, n’était point né quand son père fonda l’abbaye. Il doit avoir plus de 20 ans pour engager lui

  1. L’auteur de l’ancien inventaire des titres de l’abbaye a également daté cette charte de 1108 ; d’autres, et notamment Quantin, dans l’Inventaire des Archives de l’Yonne, série H, l’ont datée de 1208. Pourtant la date est écrite tout au long dans cette charte ; le désaccord entre ces auteurs provient d’une faute de lecture qu’a su éviter Gaignières dans le manuscrit latin 17097, p. 65, aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale. Gaignières date le document de 1198 et, avec M. Porée, archiviste de l’Yonne, nous partageons entièrement son opinion. La date est, en effet, ainsi transcrite : M° C° N° octavo. Pas d’hésitations sur l’interprétation de M° C°, ni sur celle de octavo écrit en lettres ; seule la lettre n surmontée d’un petit o, que nous interprétons comme l’abréviation de nonagesimo, pourrait peut-être être considérée comme un V, abréviation de vicesimo. Mais il n’y a pas de Guillaume, comte de Joigny en 1128, tandis que nous en trouvons un comme bienfaiteur de l’abbaye en 1180, 1184, 1187, 1190, 1197, 1199. Donc notre charte, qui ne peut dater que de 1128 ou 1198, est bien de 1198.
  2. Cette mention se trouve dans les actes du xviiie siècle et vient de ce que l’abbé de Clairvaux était à cette époque supérieur des Écharlis
  3. Arch. de l’Yonne, pancarte de fondation, H 647, liasse, Quantin, Cartulaire de l’Yonne, t. I, p. 237.