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histoire de l'abbaye des écharlis

donne lieu à une contestation entre le monastère et Avalon, seigneur de Seignelay. Contrairement aux affirmations des religieux, Avalon ou Augalon et ses hommes de Cudot prétendent avoir le droit de pacage dans da forêt de Guillens et dans la forêt donnée par Joduin. Ne pouvant s’entendre, ils conviennent de s’en rapporter au jugement de juristes et de chevaliers : L. de Couffrault, L. de Chêne-Arnoult, L. de Sépeaux, Andric de Milly, Augalon de Boi et Étienne de Cudot. Les arbitres prononcent la sentence suivante : les moines entoureront de haies, du côté de Cudot, la partie de leurs possessions désignée par des bornes jusqu’à la mardelle de Gèvre. Le territoire qui restera entre cette clôture et les haies de Cudot, appartenant soit à l’abbaye, soit à Augalon, restera inculte, sans clôture, et sera commun aux religieux et au seigneur de Seignelay. Un champ contigu aux haies sera aussi commun entre eux après chaque récolte. Tout le reste de la forêt de Guillens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des haies, sera la propriété exclusive des moines et libre de tout droit d’usage. Quant à la forêt donnée par Joduin, elle reste la propriété des religieux, mais Avalon et ses hommes y auront droit d’usage. Si les religieux la défrichent et la mettent en culture, Avalon y aura droit de pacage, après chaque récolte. Les deux parties promettent d’exécuter fidèlement cette sentence et s’engagent à recourir aux mêmes juges en cas de nouvelle contestation. Le chapitre des Écharlis, la femme et les fils d’Augalon, Daimbert et Frédéric, approuvent ce jugement qui est attesté en 1190 par Guy, archevêque de Sens[1].

Les comtes et les vicomtes de Joigny sont de grands bienfaiteurs de l’abbaye.

En 1161, Raynard, comte de Joigny, confirme les religieux dans tous les biens qu’ils possèdent dans son fief[2] ; en 1169, Guillaume, comte de Joigny, donne les dîmes qu’il possède sur Neuilly ; en 1184, à perpétuité, le droit de pacage dans sa forêt de Talouan, étend cette donation, en 1187 et 1199, depuis Dixmont jusqu’à la route de Fourcheuse qui va de Cerisiers à Joigny, laisse en 1190, avant de partir pour la Croisade, le droit de prendre chaque année sur son péage de Joigny soixante sols (environ 387 fi), monnaie de Provins, cède la même année 96 arpents de terres et bois aux Calomnies[3]

  1. Quantin, Cart. de l’Yonne, II, p. 421.
  2. H 651, registre.
  3. Salomon, Histoire de l’abbaye des Écharlis.