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histoire de l’abbaye des écharlis

mais nous voulons qu’ils lui demeurent toujours dans toute leur intégrité. Donné à Bénévent, le 11 avril 1156[1]. »

Déjà, en 1146, le pape Eugène avait confirmé le nouvel emplacement du monastère[2] ; mais les religieux veulent une bulle spéciale : ils l’obtiennent le 20 novembre 1163.

Obligé de quitter Rome pour échapper à Frédéric Barberousse, empereur d’Allemagne, le pape Alexandre III vient en France et séjourne à Sens du 1er octobre 1163 jusqu’à Pâques de l’année 1165. Les moines en profitent pour lui demander sa protection. Aussitôt, le 20 novembre 1163, le pape écrit à Thibaud, cinquième abbé des Écharlis. À l’exemple du pape Eugène, il prend l’abbaye sous sa protection. Elle restera perpétuellement et inviolablement dans la crainte de Dieu, la règle du bienheureux Benoît et la formation des frères. Tous les biens que le monastère possède présentement, justement et canoniquement, ou aura, à l’avenir, de la concession des pontifes, de la libéralité des rois ou des princes, de l’oblation des fidèles ou d’autres justes manières, restent entièrement la propriété de l’abbaye. La bulle énumère les biens nommés dans le privilège de Hugues, archevêque de Sens, de 1151, les terres de Pinard, la forêt de Belcirre et le port de Pomone. Elle défend d’exiger la dîme sur les travaux des religieux et la nourriture de leurs animaux. Après leur profession, les frères ne devront pas sortir de l’abbaye sans la permission de l’abbé ou du chapitre ; mais on ne retiendra pas celui qui s’éloignera sans autorisation. Pour la sécurité et la paix des religieux, le pape défend de commettre violences, rapts ou vols, de mettre le feu, de prendre ou tuer un homme dans la clôture des granges[3].

Les rois continuent aussi de favoriser le monastère.

En 1145, Louis VII abandonne pour cinq sous (environ 32 fr. 50), monnaie de Sens, ce qu’il possède depuis la chapelle de Lucerre jusqu’à la grange de Talouan près de Villeneuve-sur-Yonne, ainsi que l’usage du bois pour les besoins de deux frères[4]. Il ratifie plusieurs donations, confirme (1162) les dons faits par son père, donne à Theil une place pour faire un moulin et des terres de chaque côté de la rivière, le port de

  1. Abbé E. Jarossay, Histoire de l’abbaye de Fontainejean.
  2. Gallia Christiana, XII, p. 219.
  3. Arch. de l’Yonne, II 648, liasse. — Quantin, Cart. de l’Yonne, II, p. 148.
  4. Arch. de l’Yonne, H 651, registre.