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histoire de l'abbaye des écharlis

plomb qui ne permettent pas de douter qu’elle a été autrefois fermée avec soin et qu’ainsi on aurait pu, à bon droit, l’appeler la fontaine scellée (fons signatus).

Que si elle a été abandonnée pendant longtemps, il est permis d’attribuer ce délaissement aux guerres civiles par l’effet desquelles la pieuse abbaye a été dévastée et est devenue déserte ; ces bâtiments avaient été tellement ruinés qu’il n’était plus possible d’y venir chercher un asile et la santé.

Faut-il admettre plutôt que certaines opinions se détruisent, puis renaissent ?… »

Dubé s’étend fort doctement et très au long sur ces qualités et énumère avec force détails les nombreuses affections que guérit l’eau des Écharlis. « À grands frais » et avec une persévérance inouïe, l’art recherche un remède qui soit comme une panacée infaillible contre toute espèce de maladies ; mais la nature, bien supérieure à l’art, semble, dans sa libéralité, nous l’avoir offert dans l’élément de l’eau, non pas de l’eau pure, car Hippocrate enseigne que dans cet état elle ne convient qu’à la constitution des personnes en santé, mais l’eau chargée comme l’est celle de notre fontaine qui, possédant les qualités qu’elle emprunte aux minéraux, débarrasse le corps de toutes ses impuretés, diminue ou détruit la source de la plupart des maladies. »

Dubé regarde donc cette eau comme la panacée universelle ; il l’emploie en toute occasion et cite avec complaisance les cures merveilleuses qu’il attribue à sa vertu : le lieutenant-général du présidial de Montargis qui avait inutilement fait usage de l’eau minérale de Pithiviers, la dame de Châtres, Mlle  de Jonville, la dame de Courtenay, MM. de La Jacqueminière, de Bonneval, de Giri, de Cisternay, etc.

Enfin, il indique le régime à suivre avant, pendant et après l’usage de l’eau minérale ; il affirme, dans les termes les plus énergiques, que ceux qui suivront ses avis recouvreront et conserveront aisément la santé « Qui sic navigant, securissimum sanitatis portum facile consequentur », et termine par cette pieuse aspiration : « Laus Deo, Virginique Matri. »

Dom Martenne et Dom Durand[1] mentionnent la fontaine des Écharlis par cette simple phrase : « Il y a devant le logis abbatial une fontaine d’eaux minérales, auxquelles on attribue une grande vertu, principalement pour la gravelle. »

  1. Voyage littéraire, p. 185 (1717).