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histoire de l'abbaye des écharlis

lecteur qui se termine par ce vers rétrograde : Ore ferire fero, more ferire fero, et l’approbation de trois docteurs de la Faculté de médecine de Paris, Dubé traite, dans une première partie, de la nature, etc., des eaux minérales en général, puis passe en revue les sources d’eaux minérales en France et ensuite fait connaître la fontaine des Écharlis.

Il décrit d’abord sa situation : « Non loin du bourg de Villefranche, placée entre les deux célèbres villes de Montargis et d’Auxerre, s’élève une antique maison des religieux de l’ordre de Saint-Bernard, appelée les Écharlis ; la contrée est fertile, elle est partie en plaines, partie en prairies et en collines verdoyantes ; elle présente aussi quelques vignes. Dans l’enclos de l’abbaye, on remarque des arbres nombreux et variés… ; c’est de ce côté que vous rencontrez notre fontaine ; le goût du fer qui se fait sentir à son approche fait qu’on la devine presque aussitôt qu’on l’aperçoit. Cette fontaine, qui est près du logis abbatial, est renfermée par une construction faite de pierres parfaitement taillées ; elle a dix pieds de profondeur et quatre pieds et demi de largeur ; son eau coule assez abondamment et fait un doux murmure en tombant dans un petit canal en pierres, d’où, prenant la direction du midi, elle va mêler son eau à celle du ruisseau formé par une autre fontaine (la fontaine carrelée) qui vient de plus loin et qui arrosa et fertilise la prairie. Il est constant par le goût, l’odeur et la couleur de l’eau, que notre fontaine contient un heureux mélange de soufre et de vitriol ; son acidité assez prononcée pique la langue ; une légère odeur de fer monte aux narines et les pierres qui sont en contact avec l’eau se teignent de couleur jaune ; on remarque aussi, et le matin surtout, à la surface du petit ruisseau, une couche grasse assez épaisse qui ressemble à des toiles d’araignées. Je me suis assuré, par l’ébullition, la distillation et la teinture, de la composition de l’eau et je suis ainsi parvenu à reconnaître les qualités qu’elle possède pour le bien de l’humanité. En effet, la teinture ou couleur révèle l’existence de l’acide ; une noix de galle, réduite en poudre et mêlée à cette eau de couleur ordinaire, lui donne une teinte rouge et rosée ; du linge que l’on veut blanchir avec cette eau contracte une couleur jaune qu’on ne peut faire disparaître qu’en employant de l’eau claire, ce qui ne peut être attribué qu’à l’acide ou vitriol. La distillation ne contribua pas moins à faire connaître sa nature, car, à l’aide de cette expérience, on obtient une pâte assez solide qui