tion est presque accomplie. « Des restes gothiques, écrit-il[1], des voûtes, des arceaux, des ogives se dessinent encore, ce sont les seules ruines de l’ancienne abbaye des Écharlis… Les restes des bâtiments sont à présent la possession de six ou sept individus vendant au plus offrant ces ruines monacales et louant à quelques malheureux les cellules qui subsistent encore. »
En 1852, les ruines elles-mêmes ont disparu. « Soixante années, dit Salomon[2], nous séparent de cette époque de lamentable mémoire [la Révolution] ; les révolutions ont bouleversé le sol et plus d’une fois elles ont changé les institutions ; toutefois, la guerre civile n’est pas venue comme aux siècles antérieurs promener dans nos contrées ses hordes dévastatrices ; et pourtant, il ne reste de l’abbaye que la maison conventuelle et le portique d’entrée de l’enclos. Tout la surplus, logis abbatial, salle capitulaire » église moderne, antique sacristie, cloître, tout a disparu, le sol est jonché de ruines. Les murs eux-mêmes du vaste endos ont été en partie démolis. Depuis soixante ans, cette antique et vénérable abbaye n’a été autre chose qu’une carrière où sont venus s’approvisionner tous ceux qui ont eu besoin : le matériaux pour bâtir. Luc Leriche… a… commencé l’œuvre de destruction ; cette œuvre a été continuée jusqu’à nos jours par ses enfants qui y ont conservé leur demeure. »
La maison conventuelle[3], mesurant environ 130 mètres de longueur, subsiste encore, ainsi que la maison abbatiale et des bâtiments d’exploitation.
Il reste aussi du cloître de belles arcades en plein cintre de la fin du xiie siècle que l’on a murées et qui servent de clôture ; « des archivoltes ogives[4] à tores encadrant ces arcades dont les voûtes étaient formées de larges briques posées de champ. L’appareil général de tous les édifices était un moellon de silex avec les baies et les arcades en pierre de taille. »
- ↑ Amand de Saint-Amand, Souvenirs du château de Prunoy (manuscrit).
- ↑ Salomon, Histoire de l’abbaye des Écharlis.
- ↑ Elle appartient à deux propriétaires et est habitée par l’un d’eux et par un fermier. On met du fourrage dans des chambres du premier étage.
- ↑ Quantin, Répertoire archéologique du département de l’Yonne, p. 149.