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histoire de l’abbaye des écharlis

tarde pas à prendre le nom de l’ancienne demeure : les Écharlis ou le couvent des Écharlis. Quant au premier emplacement, il devient une grange ou exploitation agricole et, comme nous le verrons dans le privilège d’Hugues, archevêque de Sens, daté de 1151, prend le nom de Vieu Écharlis qu’il porte encore aujourd’hui.


l’abbaye pendant la seconde moitié du xiie siècle

Après les démêlés entre les religieux et Séguin l’Enfant, le monastère des Écharlis, protégé par les autorités ecclésiastiques et civiles, favorisé de nombreuses donations, devient de plus en plus prospère. C’est en effet pendant la seconde moitié du xiie siècle que l’abbaye se met sous la protection de l’archevêque de Sens et du pape, qu’elle reçoit de grandes propriétés et que, sous la principale direction d’un religieux, une vierge, sainte Alpais (1150-1211), illustre notre contrée par sa vie miraculeuse.

Il n’y a pas à cette époque de tribunaux comme de nos jours ; souvent, c’est la loi du plus fort. Or, les contestations sont nombreuses. Il arrive fréquemment que la proximité des terres, le manque de délimitation précise, l’incertitude des droits respectifs, l’insuffisance des titres de propriétés suscitent des difficultés sérieuses. En ce cas, les parties choisissent des arbitres qui prononcent sur l’objet contesté. Chacun s’en rapporte à leur médiation et se soumet à leur sentence que l’on inscrit dans un acte signé de tous les témoins pour demeurer le perpétuel témoignage de l’accord établi. Ainsi les droits de chacun sont garantis, la justice rendue promptement et sans frais. C’est pourquoi les religieux ont pris des arbitres pour trancher leur différend avec Séguin l’Enfant et que Landry, quatrième abbé des Écharlis, est choisi, en 1157, comme arbitre, avec Garnier, abbé de Saint-Séverin, de Château-Landon (Seine-et-Marne), et plusieurs notables de la contrée. Une contestation s’est élevée entre les moines de Fontainejean et ceux de Ferrières (Loiret), à propos de dîmes, percevables sur les terres des granges de Moissy et de Souchet, qu’un certain Gilbert a données à l’église de Ferrières. Comme ces terres relèvent de Fontainejean, les religieux des deux monastères se demandent si une abbaye a le droit de percevoir des dîmes sur un bien situé sur son do-