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histoire de l'abbaye des écharlis

Écharlis, le 18 novembre, n’apposent aucun scellé[1], comme nous l’avons dit précédemment, et, le 20 février 1791, chargent[2] Guillemineau, « cy-devant régisseur »[3], de garder, conserver et administrer les bâtiments, jardins et biens de l’abbaye.

Un mois à peine après le départ des moines, les 20, 21 et 22 février, « les effets » du monastère sont vendus[4] et produisent la somme de 5.021 livres 7 sols.

La vente des biens se fait par adjudications successives, au profit de la nation, ou plutôt, au profit des acquéreurs, pour une poignée d’assignats. C’est une curée générale : on obtient presque pour rien de magnifiques domaines et l’on se précipite sur ces propriétés avec une avidité scandaleuse.

Cependant, l’article 19 du décret des 25, 26 et 29 juin 1790,relatif à la validité des baux emphytéotiques, produit[5] une très grande émotion dans la région. La plus grande partie des habitants de Villefranche et des paroisses voisines ne vivent en effet que du produit des terres qu’ils tiennent de baux emphytéotiques des religieux des Écharlis. La plupart ont défriché avec beaucoup de peine et rendu prospères des terres incultes, construit des habitations et des granges. « Annuler ces baux, c’est les priver du fruit de leurs travaux, les réduire, eux et leurs familles, à la mendicité et leur ôter toute espèce de ressource. » Aussi de nombreuses plaintes sont adressées au Directoire de Joigny qui, le 28 décembre 1790, supplie l’Assemblée Nationale de modifier cet article 19.

C’est pourquoi une partie seulement des biens est vendue pendant la Révolution, soit plus de 3.470 arpents produisant 435.326 livres, et le reste (250 hectares pour 49.181 fr. 45)

  1. Arch. de l’Yonne, série Q, abbaye des Écharlis.
  2. Id., ibid.
  3. 8 août 1791 : Arrêté du département qui porte que Guillemineau, notaire à Villefranche, est créancier de la nation de 3,000 livres que lui devait la communauté des Écharlis. — 10 mai 1791 : Lerodier, maçon à Villefranche, présente une note de 199 livres. Le Directoire du département arrête d’en payer la moitié sans retard. — 5 septembre 1792 : lecture d’une lettre du procureur général du 29 août à laquelle est joint l’arrêté du Directoire du département du 10 autorisant le paiement pour solde de la créance du sieur Lerodier.
  4. Arch. de l’Yonne, série Q, abbaye des Écharlis.
  5. Id., L 824, registre.