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Elle n’avait pas besoin de ce piment supplémentaire pour les exciter.

— Heureusement, dit Noël en riant, ceux qui resteront pour compte trouveront dans l’établissement même de jolies filles pour les consoler.

Les trois amis protestèrent. Ils ne voulaient pas entendre parler d’autre femme que de leur convive.

— Je ne peux pourtant pas, dit-elle, être à tous les trois.

— Des fois ! dit celui qui était arrivé le dernier.

Lentement, Noël sortit un carré de papier et le déplia.

Ni Laure, ni les autres ne soufflaient mot. La jeune fille sentait peser sur elle trois regards aussi chargés de désirs. Elle ferma les yeux et pensa qu’elle était dans la jungle une proie disputée par trois fauves. Cette impression la fit vibrer étrangement. Elle lui plaisait, parce qu’elle se laissait aller à la sensualité dont son être débordait.

Et Noël lut :

— Gérard !…

Les trois hommes bondirent ensemble :

— Vous avez triché !

— C’est un quatrième billet !

— Ce nom n’est pas l’un des nôtres !

Mais, la porte laissée entrebaillée s’était ouverte soudain et un nouveau personnage était entré.

— Ce nom est le mien ! s’écria-t-il. Et je vous défends à tous de toucher à mademoiselle et de la salir plus longtemps de vos désirs !

S’élançant vers la jeune fille qui s’était dressée soudain, toute pâle, il se plaça contre elle et l’enlaçant :

— Laure ! dit-il. Laure ! Qu’alliez-vous donc faire ? C’est à moi seul, à moi seul que vous appartenez ! À moi qui vous aime !

Elle tomba, défaillante, dans les bras du jeune homme. Elle ne put dissimuler le sentiment qui l’assaillait. Elle murmurait : « Gérard ! Oh ! Gérard ! » Et elle pleurait.

Il l’entraîna hors de la salle puis l’emmena avec lui.

Noël et les trois hommes étaient restés seuls dans le salon où le souper avait eu lieu.

— Vous m’excuserez, messieurs, dit Noël, mais il fallait sauver d’elle-même cette jeune fille qui se croyait délaissée par son amoureux et voulait se venger par dépit.

Les autres ne répondaient pas. La soirée finissait mal.

Noël reprit :

— Mais nous n’allons pas nous séparer sur cette décon-