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tions, n’est-ce pas ? Tout ce que je vous demande, c’est de reconnaître devant lui que je vous ai surpris avec ces dames. J’ai besoin de ce témoignage pour m’assurer que vous respecterez l’accord que nous avons conclu.

« Après cela, vous pourrez continuer à vous amuser, je m’en voudrais de vous déranger plus longtemps.

« Monsieur, voulez-vous m’offrir votre bras ?

Et Laure sortit au bras de ce Noël Veron dont elle entendait le nom pour la première fois et qui devenait, en d’aussi bizarres circonstances, son chevalier servant.

Lorsqu’elle fut partie, Germaine demanda à Albert :

— Qu’est-ce que c’est que cette poule ? Ta femme ?

— Non, ma fiancée.

— Eh bien ! Vrai ! Ton mariage est fichu, alors ?

Duchemin sourit :

— Pas le moins du monde ! Seulement j’épouserai peut-être, mais j’aurai du mal à avoir la femme. Enfin, je tiendrai toujours l’argent. Pour le reste, on verra !

Pendant ce temps, Noël accompagnait Laure qui l’avait autorisé à la reconduire jusqu’à sa porte.

Dans la voiture, ils causaient comme des amis.

— Mademoiselle, disait le romancier redevenu courtois et déférent, croyez-moi, vous avez tort d’épouser cet homme. Vous vous abusez si vous comptez le tenir. Revêtu de l’autorité du mari, il trouvera certainement le moyen de vous contraindre à lui appartenir, et c’est le plus grand malheur qui puisse vous arriver.

Laure ne répondait pas.

Elle remercia Noël en le quittant et lui dit seulement :

— J’aurai peut-être besoin de vous. Promettez-moi, le cas échéant, de répondre à mon appel.

— Vous pouvez compter sur moi entièrement.

Et il ajouta :

— Je me trompe fort, ou je ferai votre bonheur malgré vous.