Page:Edmond Mandey La Vierge sensuelle, 1926.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 32 —

En même temps, il s’avançait vers elle et voulait la prendre aux épaules pour l’embrasser. Il ne comptait pas sur un refus. Aussi fut-il stupéfait lorsque Laure se dégagea :

— Non, dit-elle, vous vous trompez, je ne suis pas ce que vous croyez.

Il rit.

— Ah ! Elle est bien bonne ! Allons ! Ne me monte pas de bateau ! Qu’est-ce que tu faisais alors en bas ?

Elle reprit :

— Je regardais, j’étais venue en curieuse, mais si vous voulez être respectueux de ma personne, et bien vous tenir, je souperai volontiers avec vous, en tout bien tout honneur. D’ailleurs, puisque le menu est commandé, j’aurai garde de le refuser.

— Quelle bizarre petite femme ! Vous, il y a un mystère dans votre attitude.

— Peut-être !

_ Elle avait remarqué qu’il ne la tutoyait plus et elle en fut heureuse.

— Voyons, lui dit-il. Je parie que votre mari vous trompe.

— Je n’ai pas de mari.

— Alors, votre ami ?

Elle se révolta.

— Je n’ai pas d’ami non plus, je suis honnête.

— Oh ! oh ! Voilà qui devient grave. Alors, c’est un fiancé qui…

— Oui, c’est un fiancé.

— Vous savez, il faut être indulgente. Il profite de son reste. Il n’en sera que plus fidèle après.

Elle haussa les épaules.

— Je ne lui en demande pas tant ! Je voulais seulement le surprendre ici avec des femmes. Soyez tranquille. Ce n’est pas pour faire du scandale, Mais pour obtenir de lui certaines choses.

— Qui sont ?

— C’est bien difficile à dire… pour une jeune fille…

— Alors, je ne vous les demande plus.

— Si je suis montée avec vous, c’est pour éviter les offres de tous ces hommes qui passent en bas. Vous m’excuserez, mais j’avais besoin d’un complice.

— Bigre ! Je le serais volontiers pour rendre à ce fiancé volage la pareille.

— Ne me parlez plus de cela, voulez-vous ?

— Alors, je ne comprends pas.