— J’en meurs d’envie, et vous êtes assez mignonne pour que je fasse des folies avec vous.
— Oh ! Des folies !
— Oui, des folies et pour commencer, si vous voulez monter avec moi au premier, je vous offre à souper en tête-à-tête.
Elle rit.
— Va pour le souper, dit-elle.
Elle regardait son compagnon. Il était quelconque, sans doute un jeune fils de famille qui dépensait l’argent du paternel. Il ne lui parut guère plus déplaisant qu’Albert Duchemin.
Il se penchait vers elle, tandis que sa main s’égarait sous la table, cherchant à caresser la cuisse de la femme sous la jupe courte.
Elle retira sa jambe.
— Chut ! fit-elle, soyez convenable,
— Convenable ! Par exemple ! C’est que je n’y tiens pas du tout. Ce n’est pas pour être convenable que je vous invite à souper avec moi.
Maintenant il lui entourait la taille.
— Non, fit-elle en se levant.
— Allons, voyons, calmez-vous ! Vous plaisantez ? Tenez, montons si vous voulez.
Elle avait bien envie de ne pas le suivre et d’arrêter là l’aventure. Pourtant elle n’en fit rien et elle gravit avec lui l’escalier qui conduisait à l’étage où se trouvaient les cabinets particuliers. Il lui semblait que tous les yeux étaient fixés sur elle, et cependant il n’en était rien. Nul ne faisait attention à ce couple qui venait de se former parmi tant d’autres.
Lorsqu’ils furent assis, l’inconnu commanda brièvement au maître d’hôtel, sans omettre le champagne de la meilleure marque.
— Vous me traitez royalement, fit Laure.
— C’est parce que vous êtes jolie comme une reine, une reine dont je suis le roi pour le moment.
Elle était étonnée de ces manières, elle pensa qu’il devinait qu’elle n’était pas une femme semblable à celles qu’il avait l’habitude de rencontrer dans cet endroit.
Mais quand ils se retrouvèrent seuls, il changea d’attitude :
— Maintenant, ma mignonne, tu ne vas plus me jouer la comédie de la femme offensée. Donne-moi vite ces jolies lèvres rouges-là… Elles doivent être gourmandes et sensuelles. C’est ce que j’aime.