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ironique. Elle releva ses beaux yeux et les fixa hardiment dans ceux de l’homme pour lui dire :

— Je ne suis pas de celles qui se donnent. Pour me posséder, il faudra me prendre de force, malgré moi.

Et elle recommença sa théorie de la femme serve, de la proie qui ne se livre pas d’elle-même.

— Ma foi, s’écria Duchemin, vous avez raison et vous êtes une assez jolie proie pour tenter le plus ardent des chasseurs. Jamais biche aussi élégante et aussi fine n’aura fait courir une meute. Et je me sens l’âme de plusieurs meutes aujourd’hui, ma belle enfant.

Comme le jour de son aventure avec Gérard, elle était bientôt soulevée, emportée et serrée sur la poitrine de l’homme, mais Albert Duchemin ne s’attardait pas à des caresses inutiles. Tout de suite, il cherchait à la prendre.

Elle criait, se défendait, se débattait, mais lui ne l’écoutait pas.

Et cependant, c’était pour tout de bon cette fois qu’elle se refusait, qu’elle essayait de s’arracher des bras de cet homme qui, brutalement, voulait la faire sienne.

Elle le suppliait, mais lui répondait :

— Tu veux rire, ma mignonne ! Tu te moquerais de moi après.

Elle revit Gérard maîtrisant son désir et s’effaçant devant elle.

Et comme Albert se penchait sur elle, elle le mordit, de toutes ses forces à la main, puis poussa un appel désespéré criant « Au secours ! »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Eh bien ! monsieur ! Oh ! quelle infamie ! Quel lâche vous êtes !

Albert Duchemin se sentait tiré par les bras, en même temps que la tante Adèle, furieuse, apparaissait devant lui.

Laure avait profité de l’intervention de sa parente pour échapper à l’étreinte de l’homme.

— Oh ! faisait-elle en pleurant ! Oh ! je n’aurais jamais cru cela !

La tante Adèle était superbe d’indignation :

— Heureusement, disait-elle, que je n’étais pas loin et que j’ai pu arriver à temps. Mais, monsieur, pour qui donc prenez-vous ma nièce ? C’est une jeune fille convenable. Comment avez-vous osé ?

Laure avait repris ses esprits.

— C’est bien, tante, dit-elle. Je suis persuadée que mon-