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Et puis, soudain, en route, il appela un taxi, comme un homme qui vient de prendre une décision brusque, et il se fit conduire au ministère de la guerre.

Gaby attendait impatiemment son amant. Elle se demandait comment il se faisait qu’il était en retard, plus encore que la fois où il était allé jouer au billard avec Anselme.

Elle était, elle aussi, très énervée, la blonde Gaby, et ne comprenait pas très bien ce qui se passait. Son mari s’était, la nuit d’avant, conduit avec elle comme un homme qui ne ressentait aucune fatigue… bien au contraire, on eût dit qu’il avait pris, dans la journée, un stimulant…

Et, ma foi, la pauvre petite femme s’était même dit qu’on peut parfois goûter des joies aussi grandes entre les bras d’un époux qu’entre ceux d’un amant. Elle s’en voulait de cette pensée, qu’elle considérait comme une injure à l’égard de Roger, mais elle ne pouvait la chasser. Heureusement, elle se disait en accourant chez son amant que celui-ci allait lui donner des détails sur la trahison d’Anselme, et qu’elle en serait tellement indignée qu’aucune ombre ne viendrait plus assombrir son amour pour l’officier…

Et puis, voilà que Roger ne revenait pas. Que pouvait-il donc faire ?… Où était-il ?…

Il arriva enfin, mais dès qu’elle le vit entrer, Gaby comprit qu’un événement extraordinaire s’était produit…

— Qu’as-tu ?… D’où viens-tu ? lui demanda-t-elle…

— Je n’ai rien…

— Mais pourquoi es-tu si en retard ?

— J’ai été appelé d’urgence au ministère de la guerre.

— Au ministère ? Pourquoi donc ?

— Pour rien. Pour une question de service. N’est-il pas tout naturel que je sois appelé au ministère ?

— C’est tout naturel… Et cependant, il me semble que tu me caches quelque chose…

Alors Roger se décida. Puisqu’aussi bien sa résolution était prise, autant valait tout de suite s’expliquer :

— Eh bien ! Oui ! Voici : Je suis désigné pour rejoindre l’escadrille aérienne de Tunisie…