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— Je n’ai pas besoin de boule rouge, moi, les deux jolies blanches que voilà me suffisent…

— Veux-tu bien te taire !… Dis, Roger, tu l’aimes ta petite Gaby !…

— Peux-tu me poser une pareille question… Après les preuves que je te donne.

Oui… Tu peux m’aimer, parce que tu sais… avant de te connaître, j’étais une femme honnête, je m’étais même juré de ne jamais tromper mon mari… Et maintenant, voilà, j’ai un amant…

— Tu as un amant… Comme toutes les autres…

— Toutes les autres ?… Tu sais, il y a des femmes qui sont des épouses fidèles…

— Oui, celles qui ne sont pas jolies…

— Pourtant, moi je suis jolie…

— À qui le dis-tu ?…

— Tu me trouves bien… Pas trop petite ?

— Petite, mais si bien faite… Une ravissante poupée… Un saxe !…

— Alors, tu vois, je suis ravissante et je ne trompais quand même pas mon mari… Il a fallu que tu te trouves sur mon chemin.

Et se pelotonnant contre lui, elle ajoute, câline :

— Tu m’as ensorcelée !…

Ce à quoi Roger lui répond du tac au tac :

— Tu ne le regrettes pas, au moins ?

— Oh ! mon chéri. Je regrette de ne pas t’avoir connu plus tôt…

Arrivés à ce point, l’entretien devait se poursuivre comme précédemment par une nouvelle manifestation d’un amour si bien partagé. Gaby en a complètement oublié l’heure…

Pourtant, elle en retrouve la notion lorsque la pendule sonne huit heures… elle en retrouve la notion, ce qui me lui plaît qu’à demi, car elle s’écrie :

— Ah ! Mon Dieu ! Que c’est ennuyeux ! Il va falloir se lever… Nous étions si bien…

— Ça, dit Roger, pour être bien, nous ne pouvions pas être mieux.