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poulet !… Viens vite nous aimer… Comme Roger ne doit pas venir aujourd’hui, personne ne nous dérangera…

Anselme est tout troublé devant cette jolie fille qui s’offre à lui si spontanément, et, ma foi, il ne refuse pas les lèvres qui se tendent vers les siennes, il ne les refuse pas et il commence même à se dévêtir, tandis qu’Irène va se recoucher…

Mais celle-ci, qui s’attend à voir Trivier venir la rejoindre, a soudain une nouvelle surprise…

Anselme se ressaisit. Il remet son veston qu’il avait enlevé, et, décidé, déclare :

— Non… Je ne peux pas faire cela… Je ne peux pas me conduire ainsi ?

— Qu’est-ce qu’il y a, mon chéri, demande Irène… Ça ne te plaît plus ?…

— Non. Ça ne me plaît plus… Tout à l’heure, je maudissais Roger qui trompait — du moins je le croyais — mon amitié… et voilà que j’allais me laisser aller à commettre la même infamie vis-à-vis de lui… Après tout, c’est moi qui aurais été le plus coupable, le tromper après l’avoir injustement accusé…

Irène n’en revenait pas.

— Eh bien | dit-elle, c’est la première fois que je rencontre un type comme toi… Oui, la première fois… Pourtant, tu me trouves bien appétissante…

— Oh ! Certainement. Et si jamais tu quittes Brémond… je ne demande pas mieux que de tromper ma femme avec toi… mais pas aujourd’hui… pas aujourd’hui !…

Et Anselme s’en va… comme il est venu, mais le cœur déchargé d’un grand poids… La vie lui paraît belle… Sa femme ne le trompe pas… Son ami lui est fidèle… et lui-même n’a rien à se reprocher. Il vient, au contraire, de se conduire en héros…

Mais cela ne fait pas le compte d’Irène, qui pense que c’est enrageant d’avoir joué toute cette comédie pour rien…

Elle admire les scrupules d’Anselme…

— Celui-là, dit-elle, par exemple, il m’en a bouché un coin… C’est un chic type !… Et, ma parole, il gagne à être connu…

Je crois bien que j’en veux à sa femme de le tromper…