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— Et dire !… dire qu’il y a des gens pour écrire sur lui des saletés…

Emporté par son entrain, Anselme avait lâché un peu de son secret, relevé un coin du voile…

Gabrielle était subitement intéressée…

— Quoi ? dit-elle. Quelles saletés ?

Mais Trivier comprend soudain qu’il est allé trop loin… et il essaye de battre en retraite.

— Rien… Non… Oh ! des choses sans importance !

— Ce ne sont pas des choses sans importance puisque tu as dis toi-même des saletés !… Déjà ce soir tu parlais des maîtresses de M. Brémond… Enfin, il faudrait savoir, oui ou non, si nous devons continuer à le recevoir…

Gabrielle s’en veut beaucoup de charger ainsi son amant, mais elle n’a pas d’autre moyen de connaître la vérité… il lui faut bien une raison pour questionner ainsi son mari…

Celui-ci est lui-même très embarrassé… Finalement, il se décide :

— Écoute, dit-il, je ne voulais rien te dire. Mais, après tout, il vaut mieux que tu sois au courant.

Et, sortant de son portefeuille la lettre anonyme, il la tendit à sa femme.

— Lis, lui déclare-t-il… Lis et juge toi-même !…

Au fur et à mesure que Gabrielle parcourt la fameuse missive dénonciatrice, Anselme la suit des yeux, essayant de deviner, sur les traits de sa femme, la répercussion des émotions intérieures…

Naturellement, Gabrielle est toute bouleversée…

— Oh ! Mon Dieu !… s’écrie-t-elle… Quelle infamie !

Et, prenant l’attitude de toutes ses sœurs en pareil cas elle se laisse tomber en sanglotant sur un fauteuil…

Les larmes coulent abondamment sur ses joues… et elle répète en hoquetant :

— C’est épouvantable !… Et dire que tu as pu croire une chose pareille !…

Là, Anselme croit bon de protester…

— Penses-tu ?… Moi, que j’ajoute foi une seule minute à une semblable calomnie !…