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Précisément, voici qu’Anselme a changé complètement d’attitude. Maintenant, il est gai comme tout ; il est vrai qu’à la fin du repas, il a vidé plusieurs coupes de champagne. Mais, quand même cela n’a pas suffi pour le mettre dans un tel état de gaîté… Anselme a même des coups d’œil et des mots pleins de sous-entendus auxquels Gaby ne saurait se tromper. Et il espère que cette soirée ne se terminera pas uniquement sur le bon dîner…

Gabrielle a compris. Tout d’abord, elle fait la moue. Puis, elle se ravise. Mais non, au contraire, si Anselme a des idées amoureuses, il sera plus facile à confesser par sa jeune femme qui veut absolument connaître les mobiles qui lui ont dicté cette étrange attitude.

Elle sourit, car elle est bien sûre de triompher… lorsqu’Anselme et elle seront tous deux dans le lit conjugal.

Et lorsqu’ils se retrouvent seuls dans leur chambre, elle ne peut s’empêcher de lui faire remarquer :

— J’espère que tu es gai, aujourd’hui | Que t’est-il donc arrivé de si heureux ?

— Rien. Je suis gai… parce que je suis content de ma journée, de ma soirée surtout…

— Diable ! Et pourrais-je savoir pourquoi tu es si content ? Cette soirée n’avait rien de particulièrement joyeux… Au contraire, il y eut même un moment où l’on discutait âprement…

— Bah ! Cela n’a pas d’importance ! Ce qui vaut le mieux, c’est l’atmosphère d’affection, d’amitié, de bonne entente qui régnait entre nous. Roger a été charmant… As-tu remarqué la façon dont il a affirmé qu’il n’avait jamais apporté le trouble dans le ménage d’un ami ? À ce moment, on sentait en lui un accent de sincérité comme on en voit rarement…

Et Anselme, radieux, ajoutait :

— J’aime, moi, les hommes comme ça !… Et toi, les aimes-tu ?… Aimes-tu Roger ?

— Bien sûr… Je trouve que c’est un bon ami pour toi ? Avec moi, il est très correct, très poli…