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trompe toutes, et, dans ce cas, il m’apparaît méprisable… Je sais bien que, pour vous autres, hommes, cela n’a pas d’importance…

— Pour certaines femmes aussi. Il en est qui ont plusieurs amants.

— N’en parlons pas… Ça vaudra mieux.

— Il en est même qui ont un mari et un amant…

— Tu as lu ça dans les romans… ou tu l’as vu au théâtre, Mais, dans la vie, ce n’est pas la même chose…

— La vie se passe souvent comme dans les romans.

— En voilà des idées !… Enfin nous n’allons pas entamer une discussion de cette nature à propos de M. Roger Brémond dont les aventures galantes, après tout, ne nous intéressent pas.

Anselme est-il définitivement et absolument convaincu ?

Certes non. Et il ne répond pas à la dernière phrase de sa femme. Il n’y répond pas à haute voix, mais il pense tout bas :

— Hé ! Hé ! On ne sait jamais.

D’ailleurs la discussion est interrompue par l’arrivée de Roger lui-même, qui survient, on en conviendra, fort à propos.

À peine a-t-il jeté un coup d’œil que le lieutenant s’aperçoit qu’il se passe, dans le ménage Trivier, quelque chose d’inaccoutumé, il ne sait pas quoi, mais quelque chose qui l’inquiète.

Aussi, lorsque Gaby, profitant de ce que son mari ne la voit pas, lui lance un rapide coup d’œil, en comprend-il tout de suite la signification et se hâte-t-il de traduire ce signe par le mot : « Attention ! »

— Cher ami, dit Anselme en se précipitant vers l’officier, nous vous attendions avec impatience…

— Vraiment ? fait Roger… Mais je ne suis pas en retard !…

— C’est précisément ce que je faisais observer à mon mari, mais il ne voulait pas me croire…

— En outre, l’eus-je désiré que je n’aurais pu arriver de meilleure heure… Je viens de Villacoublay où j’ai passé toute la journée à l’aérodrome…