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Mais il n’est de bonheur qui dure


La jeune Mme Trivier avait ainsi remis les choses à leur place, et elle paraissait avoir retrouvé la stabilité dans ses amours, comme dans sa vie conjugale.

Elle vivait heureuse, car n’est-ce pas le vrai bonheur, pour une petite femme amoureuse ainsi que l’était Gaby, de passer ses journées entre son mari et son amant, dans une quiétude parfaite,

Hélas ! le ciel ne reste pas longtemps sans nuages et ce sont les temps les plus clairs qui sont quelquefois les plus annonciateurs de pluies ou de tempêtes.

Gaby s’était fait un ennemi, vous n’en doutez pas, le jour où elle avait eu recours à Roger pour éconduire de la façon que l’on sait le galantin qui s’attachait à ses pas.

Cet homme avait encaissé les deux coups de poing du lieutenant, mais il ne les avait pas oubliés, et il entendait prendre une revanche.

Si mal en point qu’il fût le jour même de l’algarade, il n’en avait pas moins suivi de loin Gaby rentrant chez elle. Et, patiemment, il s’était livré à une enquête laquelle avait abouti naturellement à lui apprendre que le lieutenant Brémond et la jolie Mme Trivier étaient au mieux ensemble.

— Ah ! ah ! se dit-il… Je les tiens… Ce lieutenant va voir comme je me venge… et cette petite dame insolente aussi !… Ils vont voir… et ça leur apprendra…

En même temps, ils se frottait instinctivement les yeux dont les paupières et l’arcade sourcillière étaient encore endoloris des coups de poings si bien assénés par Roger.

Cet homme méchant et jaloux s’en fut dans un café, où il demanda au garçon « une plume et de l’encre », murmurant à part lui :

— Le papier et les enveloppes d’un café sont tout ce qu’il y a de plus anonymes… C’est ce qu’il me faut !