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— Toujours !… Il ne peut plus se passer de moi. Pendant ton absence, il ne m’a pas quitté…

« C’est d’ailleurs un homme tout à fait charmant… Ma sympathie pour lui ne fait que grandir.

— Diable !… Je vais être jalouse…

— Même, je te l’avoue, il y a des moments où j’ai des remords…

« J’en viens à me mépriser de serrer tous les jours la main d’un homme qui se confie entièrement à moi et à qui je prends sa femme…

— Par exemple ! En voilà des scrupules qui te viennent tout à coup…

— Il y a déjà quelque temps qu’il me sont venus !…

— Vraiment ? En tous cas, tu ne les avais pas tout à l’heure… Quand je suis arrivée…

Évidemment, Gaby est la logique même. Lorsqu’elle est arrivée, quelques instants auparavant, Roger n’avait ni remords ni scrupules. Il ne se méprisait pas, il était tout entier pris par ses désirs. Gaby aussi d’ailleurs.

Et elle sent maintenant qu’elle s’est engagée sur un terrain dangereux… Aussi fait-elle tous ses efforts pour revenir indirectement sur celui où elle est sûre de triompher et de faire taire encore les remords de Roger. Et ses yeux, ses jolis yeux noirs qu’adore son amant, parlent autant et même plus que ses lèvres. Ils lancent des appels auxquels nul ne peut rester insensible, et Roger moins que tout autre.

À ce moment, le pauvre Anselme a beau être l’ami le plus chic, son amitié ne prévaudra pas contre les charmes de Gaby…

Pourtant cette conversation a laissé la jeune femme très perplexe. Il est certain que son mari est en train maintenant de lui prendre son amant, et elle commence à se demander si elle n’a pas eu tort d’insister pour que Roger fasse la connaissance d’Anselme… C’est celui-ci qui, finalement, y a gagné, puisque Roger délaisse à son tour sa maîtresse pour son ami.

Il la délaisse certainement, puisqu’il la quitte pour aller