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toute féminine, qui arrêta son mari dans ses discours élogieux à l’égard du héros de l’aventure.

— Certainement, dit-elle, ce monsieur Brémond est très distingué. Il s’est conduit en galant homme. Mais peut-être t’emballes-tu un peu à son sujet,

— Je ne m’emballe pas du tout. Rien qu’à le voir, on devine qu’il n’a rien de commun, ni de vulgaire… Et, tiens, pour le remercier mieux encore, nous allons l’inviter à déjeuner la semaine prochaine.

« Cela nous permettra de faire plus amplement connaissance, et tu verras que j’ai raison et que nous n’aurons qu’à nous féliciter de resserrer nos relations avec lui…

La tante de Gaby, consultée, approuva entièrement Anselme.

Le lieutenant chevaleresque avait fait aussi la conquête de la tante… Et la jeune et jolie Mme Trivier riait sous cape, en voyant son mari et sa tante ligués pour lui vanter les qualités de Roger et pour faire disparaître ce qu’ils croyaient être chez elle une prévention injustifiée.

Le lendemain, comme chaque après-midi, la jeune Mme Trivier retrouvait Roger chez lui ; elle arrivait toute joyeuse et, à peine avait-elle enlevé son chapeau, qu’elle lui racontait ce qui s’était passé la veille au soir entre elle et son mari.

— Ah ! mon amour chéri ! disait-elle. Si tu avais entendu mon époux vanter tes qualités, si tu avais vu quel feu il mettait pour parler de ton intervention « ce geste digne d’un gentilhomme, d’un preux du Moyen-Âge ». Tu peux dire que tu l’as emballé… Tu seras son meilleur ami quand tu le voudras et tu le voudras tout de suite, n’est-ce pas, pour me faire plaisir… Pense comme je vais être heureuse de pouvoir te recevoir chez moi, t’avoir plus souvent près de moi…

Mais Roger questionnait :

— Vraiment, demandait-il, il lui a suffi de me voir si peu de temps pour qu’il me trouve tant de qualités ?…

— Parfaitement, au point que c’est moi qui ai été obligée de l’arrêter sur la pente des éloges, de lui faire remarquer qu’il