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salle à manger, elle déjeune… Ou dans son salon, elle reçoit…

— Malheureusement, je pourrai me dire aussi : elle est dans sa chambre, dans la chambre conjugale… Cela, c’est l’envers du tableau…

Et, en disant cela, Roger laissait percer un peu de dépit, si bien que Gaby s’écria :

— Ah ! le bandit… voilà qu’il va être jaloux de mon mari !… Par exemple !… Eh bien ! Ça ne me déplaît pas, parce que ça prouve que tu m’aimes… Pour la peine, je t’embrasse !…

Et, vive comme tout, elle se précipita de nouveau, les lèvres tendues, dans les bras de Roger qui la couvrit longuement de baisers…

Ils furent rappelés à la réalité par un bruit de pas.

Gaby se dégagea vivement. Il était temps. Sa tante arrivait, apportant le thé… Pour un peu, elle eût surpris les deux amants enlacés…

Mais elle ne les surprit pas et l’attitude des jeunes gens redevint des plus correctes. Ils n’oublièrent plus qu’ils attendaient le mari, ce mari qu’ils trompaient si abondamment et qui allait venir bientôt, confiant, après avoir achevé sa partie de billard.

La tante d’ailleurs, ne put s’empêcher de constater le retard d’Anselme :

— Ton mari est ridicule, ma petite. Il pourrait se dire que nous l’attendons.

— Ah ! Que veux-tu ? Je n’aurai pas ce soir le courage de lui dire quoi que ce soit.

— D’ailleurs, interrompit Roger, vous auriez tort, il ne peut se douter de ce qui vous est arrivé… N’est-ce pas ?…

— Peu importe, fit remarquer la tante, il ne devrait pas s’attarder aussi longtemps avant de rentrer.

Comme s’il n’attendait que cette réflexion pour arriver, Anselme mettait à ce moment sa clé dans la serrure. Il avait gagné, exécuté encore de belles séries « par la rouge » et il rentrait chez lui, heureux de vivre, sans penser que rien d’anormal fût survenu dans son intérieur.

Anselme était un homme simple, redoutant les complica-