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de cette façon. Ce serait trop bête d’avoir tant attendu pour être obligé de se retirer ainsi. Et puis, il n’a pas peur… il le fera bien voir, surtout devant une femme.

Aussi, toisant le lieutenant, lui dit-il :

— De quoi vous mêlez-vous ?… Est-ce que cela vous regarde ?…

— Oui, monsieur, cela me regarde… puisque madame a bien voulu faire appel à moi pour la protéger… Aussi, je vous prie de vous en aller…

— J’ai le droit d’être dans la rue… comme vous… Vous avez tort si vous croyez m’intimider… vous savez…

Et, en même temps, le monsieur qui ne veut pas avoir l’air de céder, surtout devant une femme, s’avance provocant :

— Vos airs de matamore ne me font pas peur !…

Malheureusement pour l’inconnu, Roger Brémond n’est pas seulement un as de l’aviation, c’est aussi un boxeur de première force… Pour toute réponse, il lance son poing en avant, et l’amoureux éconduit porte la main à son œil droit qui vient d’être touché… Comme il essaye encore de menacer, un second direct lancé par le lieutenant lui atteint l’œil gauche, si bien qu’il n’a plus qu’à s’esquiver, comprenant enfin que le beau rôle n’est pas pour lui…

Naturellement, la scène a attiré quelques badauds… La tante de Gaby, qui arrive à son tour, s’enquiert auprès d’elle de ce qui s’est passé, et la jeune femme, jouant merveilleusement l’émotion, la voix toute troublée, lui répond :

— Ah ! ma tante ! Que m’arrive-t-il ?… Un individu qui me suit depuis plusieurs jours, m’a rejointe… tout à l’heure… Il me tenait des propos que je ne pouvais entendre, et refusait de s’éloigner… Pas un agent… Par bonheur, monsieur passait, et il a bien voulu intervenir pour corriger, comme il le méritait, ce triste sire…

La tante de Gaby remarque alors la présence de Roger et se précipite vers lui :

— Ah ! Monsieur ! fait-elle… Heureusement pour nous, la chevalerie française n’est pas morte… Comment vous remercier ?…

— Mais, madame… C’était tout naturel…