Page:Edmond Mandey L amant de Gaby, 1924.djvu/12

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 10 —

qui me donne des rendez-vous !… Hé ! Hé ! C’est qu’elle est bigrement gentille… Ce sera une mignonne maîtresse… Justement, la voici…

En effet, Gaby arrive sur la place… une Gaby qui coule en dessous un regard malicieux vers son soupirant, lequel ne se doute nullement du rôle qu’on veut lui faire jouer… et qui s’approche, la bouche en cœur, saluant la passante :

— Chère madame, dit-il…

Mais Gaby ne répond pas. Elle continue sa route. L’homme insiste, mais sans succès. Alors, il s’étonne :

— Vous ne me dites rien, et, pourtant, il me semblait bien hier, en donnant ce rendez-vous, que vous vous adressiez à moi…

— Il vous semblait mal, monsieur… voilà tout… Laissez-moi !

Cette phrase inattendue, jetée brusquement par Gaby, déconcerte le suiveur…

Pourtant il ne veut pas capituler :

— J’entends enfin le son de votre voix… Vous daignez me répondre.

Mais Gaby, qui voit Roger s’approcher, s’arrête pour dire :

— Voyons, monsieur… je vous en prie… allez-vous-en !…

— Je veux bien m’en aller… mais avec vous…

— Je vais appeler un agent.

— Vous n’en trouverez pas ! Ils ne sont jamais là quand on a besoin d’eux.

— C’est insupportable à la fin !… Laissez-moi… vous dis-je…

Le moment psychologique est arrivé. Roger passe tout près du groupe formé par le monsieur trop entreprenant et par Gaby. Celle-ci l’appelle, comme si elle venait de l’apercevoir :

— Monsieur, voici un individu qui me poursuit… Je vous en prie… veuillez prévenir un agent…

Roger s’incline profondément devant Gaby.

— C’est inutile, madame… Je crois qu’il me suffira de faire comprendre à monsieur combien son insistance est déplacée…

Mais le monsieur est furieux… Il ne va pas se laisser jouer