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Puis, claquant la porte, maître Honoré s’en alla, laissant les deux amants tout déconfits.

Dame Jeanne, ne sachant quelle contenance tenir, pleurait la tête enfouie dans l’oreiller, tandis que Me Robert essayait de la consoler.

Si d’aventure, le hasard d’un voyage vous amène jamais dans le petit bourg où se déroula cette histoire, vous retrouverez toujours avec le même aspect l’hôtel des Gais Lurons.

Maître Honoré en est toujours le patron et il vous accueillera avec la même cordialité.

L’hôtelière également aura le même sourire avenant, avec une pointe de fierté et un air de triomphe que n’avait pas dame Jeanne. Car l’hôtelière, à présent, c’est Adèle, qui a épousé son patron après que celui-ci eût divorcé…

Quant à dame Jeanne, eh bien ! ma foi, elle est notairesse, car elle a convaincu Me Robert qu’il lui devait bien cette réparation pour l’avoir entraînée à tromper son premier mari, auquel avant lui elle avait toujours été fidèle.

Et c’est finalement le jeune notaire qui fut le dindon de cette farce, car il avait rêvé d’un plus beau parti ; mais nul ne lui eût pardonné d’abandonner la femme qu’il avait compromise…

Ainsi la morale fut sauvée. Mais cela prouve que les jeunes notaires ne doivent jamais oublier la gravité qui sied à leurs fonctions, ne point ravir inconsidérément leur vertu aux servantes, ni enlever à leurs époux les jolies hôtelières.

FIN

Imprimerie spéciale des Éditions Prima. — 33.639.