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Il réfléchissait, lui aussi, sur le moyen de sortir de ce dilemne.

Et pendant que Robet et Jeanne réfléchissaient, l’hôtelier entêté, continuait à frapper à la porte et à inviter Adèle, tantôt en la suppliant, tantôt en la menaçant à tenir sa promesse en le faisant pénétrer dans sa chambre.

Robert à la fin, dit :

— Il faut que nous en sortions.

— Mais s’il rentre, ce n’est pas le moyen pour nous d’en sortir.

— Il ne rentrera pas. Mais, je vais lui répondre, noi.

— Toi !

— Oui, comme si j’étais avec la bonne ; après tout, ce serait mon droit… Il a bien un rendez-vous avec elle, moi aussi j’aurais pu en avoir un.

— Dame ! c’est certain.

— Alors, je vais lui ouvrir et lui défendre d’entrer. Couche-toi à tout hasard et cache-toi bien sous les couvertures.

Dame Jeanne jugea qu’il n’y avait pas d’autre parti à prendre et elle se recouvrit des draps, ainsi que le lui indiquait son amant.

Du dehors, la voix de l’hôtelier se faisait entendre, plus impérative :

— Ah ça ! Vas-tu me laisser longtemps encore à la porte ? Te moques-tu de moi ?…

Tranquillement, le notaire alla à l’entrée et ouvrit :

À sa vue, maître Honoré resta interdit.

— Eh oui ! cher ami, c’est moi ! fit Me Robert.

« Que voulez vous ? Vous dormiez… J’avais dans la tête de venir rendre visite à Mlle Adèle… Je suis venu.

« Je dois dire qu’elle m’a fort bien reçu, alors qu’elle m’a assuré ne vous avoir jamais rien promis.

« Aussi je suis désolé, mais vous comprendrez bien qu’il ne saurait y avoir place pour nous deux dans cette chambre…

La colère de l’hôtelier tombait.

Non pas qu’il n’eût envie de se fâcher. Au contraire, vous pouvez croire que s’il n’avait écouté que son premier mouvement, il se serait jeté sur le notaire et l’eût pour le moins étranglé.

Mais il n’écouta pas son premier mouvement.

En un instant, il réfléchit que Me Robert était un de ses meilleurs clients, et qu’il ne pouvait se fâcher avec un de ses