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La servante trouva l’idée de sa maîtresse merveilleuse.

Elle se prit à rire, disant :

— Ce sera bien fait ! Ça lui apprendra ! Avouez qu’il mérite vraiment qu’on lui joue un tour pareil !

— Allons, tiens-toi prête pour ce soir, quand je te ferai signe. Et, en attendant, va vite à ton ouvrage, car autrement maître Honoré pourrait se doute de quelque chose en nous sachant depuis si longtemps seules à causer toutes deux.

Adèle, un instant plus tard, apparaissait dans la salle.

Elle ne s’était jamais montrée plus gaie, plus empressée envers les clients. L’hôtelier lui-même ne put s’empêcher de constater que sa servante était de très bonne humeur, et il en fut dupe au point de se dire :

— Elle en a pris son parti. Eh ! Eh ! Je crois que je vais passer une nuit agréable !

Ce qui prouve que les hommes seront toujours dupes des ruses féminines.

iv

Le Complément d’un bon dîner.


Le repas s’achevait, et l’hôtelier, afin d’avoir un motif de rester dans la salle, trinquait avec le notaire :

— Que dites vous de mon dîner, Maître Robert ?

— Je dis qu’il fut, comme toujours, excellent. Il fut excellent en tous points. Je me suis régalé de votre poularde, qui était ma foi fort réussie ; quant au vin, il est des meilleurs et soutient comme il faut la renommée de la maison.

— Je vous crois, c’est du fameux !

Et, se penchant vers son client, maître Honoré ajouta :

— Dans ma cave, il y en a encore du meilleur ; et, si vous le voulez bien, j’en vais aller chercher une ou deux bonnes bouteilles que nous boirons ensemble… Vous serez émerveillé.

Le notaire, en effet, se déclara émerveillé.

Maître Honoré était heureux, non pas tant que son hôte trouvât bon le vin qu’il lui versait, mais aussi qu’il ne parlât point de se retirer, ce qui était l’important, parce qu’il pouvait ainsi attendre, sans que cela parût extraordinaire à son épouse, l’heure d’aller rejoindre Adèle.

Mme Jeanne facilita d’ailleurs les projets de son mari,