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des Gais lurons » et nous apprend qu’on y loge « à pied et à cheval ».

Il y a belle lurette qu’on n’y loge plus « à cheval », car les voyageurs qui s’y arrêtent arrivent qui par le train, débarquant à la gare toute proche, qui dans leur auto. Les autos qui s’arrêtent devant l’hôtel des Gais lurons ne sont point de somptueuses limousines, mais de ces braves voitures servant aux médecins ou aux notaires parcourant la région, parfois aussi au touristes de richesse moyenne.

Mais qu’on arrive en auto, par le train, à pied, ou exceptionnellement en voiture, on est toujours aussi bien accueilli dans cet hôtel-auberge, et l’on reçoit le même sourire aimable de la patronne, le même bonjour cordial de l’hôtelier maître Honoré, le même coup d’œil provocant de la jolie servante Adèle.

Une cuisinière, un domestique mâle servant surtout aux gros travaux, complètent le personnel qui suffit au train-train quotidien de la maison.

Mais la cuisinière et le domestique ne nous intéressent pas, car ils ne joueront aucun rôle dans le récit que je vais vous conter.

Aussi ne m’attarderai-je pas à vous les présenter.

Parlons, en revanche, des personnages principaux.

Et d’abord du patron Honoré Vaillard, connu dans le pays sous le seul nom de Maître Honoré.

C’est un brave homme jovial, de taille moyenne, portant la quarantaine, avec une bonne figure ronde et sympathique, à l’aspect avenant, avec lequel on se sent tout de suite en veine de familiarité.

Toujours joyeux, prêt à raconter quelque histoire drôle, il tient à justifier à lui seul son enseigne des gais lurons.

Comment d’ailleurs ne serait-il pas heureux ? Il n’a pas d’autre ambition que de vivre quiètement du produit de sa maison, suffisamment achanlandée par les clients habitués, représentants de commerces, fonctionnaires en déplacements ou autres, qui reviennent à époque fixes dans le pays.

Maître Honoré vit sans souci, tout comme le célèbre meunier de Berlin.

Ses affaires vont bien et il possède une femme charmante.

C’est le moment de parler de l’hôtelière, dame Jeanne, qui seconde son mari dans le direction de l’hôtel-auberge.

Ne croyez pas que ce soit une maritorne revêche.