Page:Edmond Haraucourt Le gorilloide 1904.djvu/4

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Veuillez vous rassurer, mesdames : autant qu’il me sera possible, j’abrègerai ce préambule nécessaire, afin de ne pas vous contraindre à des abus de patience. (Sourires.)

Messieurs, tout porte à croire que les régions boréales, actuellement couvertes par un immense Océan, ne furent pas toujours englouties dans des eaux glaciales. Nous savons, et nul ne le conteste plus, que la zone polaire était autrefois beaucoup moins étendue, et que même aux premiers âges du monde, alors que le globe terrestre ignorait les saisons, la température des pôles se trouvait normalement égale à celle des tropiques, et très supérieure assurément à celle dont nous jouissons aujourd’hui dans nos climats équatoriaux. Cette certitude est acquise à la Science. Mais autre chose est l’hypothèse, plus contestée, plus contestable, d’un continent disparu qui aurait occupé cette portion de notre planète, vers l’époque où la zone des glaces polaires ne descendait guère au-dessous du quarante-cinquième degré de latitude Nord. Ces terres problématiques, qu’une légende appelle l’Europide, ou l’Europe, se seraient déployées à la même place où s’étalent aujourd’hui les glaces de l’Océan Europique, et les rares îles de cette vaste mer ne seraient que les cimes des plus hautes montagnes, émergeant pour attester encore l’existence du continent qui n’est plus. Hâtons-nous de le dire : cette existence d’un continent n’est qu’une hypothèse : hypothèse logique, et corroborée par toutes les notions de la géologie, mais qui n’est pas scientifiquement démontrée par des vestiges authentiques, seuls témoignages que nous