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— Remarquez en passant, à notre droite, à notre gauche, ces deux bandes parallèles de rochers vêtus de fucus : ne vous semble-t-il pas suivre une véritable avenue ? C’en est une, en effet, et, de là-haut vous en constaterez mieux la rectitude et la longueur : depuis l’obélisque jusqu’au tombeau de l’empereur, elle ne mesurait pas moins de trois mille sept cents coudées ; longtemps on a voulu voir en ceci une simple promenade, à l’extrémité de laquelle béait inutilement une porte triomphale, ou arc de triomphe ; l’illogisme de cette opinion est aujourd’hui bien démontré ; nous savons que c’était simplement ici une large voie bordée de tombeaux, réminiscence de la Voie Appienne, qui s’échelonnait depuis la ville jusqu’au mausolée capital, et celui-ci dominait tous les autres, du faîte de sa colline : nous possédons même les noms et le classement des capitaines inhumés en deux rangs sur la route qui menait au monument du chef ; la liste en était gravée sur les faces latérales du tombeau césarien.

Les voyageurs arrivaient au sommet du coteau ; à leur approche, des calculots s’envolèrent en criant, du milieu des rochers ; un monceau de pierres informes s’entassait là.