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la dernière période de sa vie, sont venus s’abattre à son foyer de famille. Au sortir de la Chambre ou bien d’une réunion publique ou à son œuvre oratoire, il a ajouté un discours éloquent de plus ; durant les rares répits que lui accordent ses souffrances, il reste cet intarissable et charmant causeur dont la race semble singulièrement diminuée, grâce à la vie saccadée et subjective à outrance de la génération actuelle. Que ne donnerait-on pas, en ces moments-là, pour faire ressurgir de ses cendres un de ses plus importants ouvrages, intitulé les Salons du xviiie siècle ? Le manuscrit a péri dans l’incendie des magasins de la Villette, et la vie politique, si absorbante de sa nature, ne se prête pas volontiers à des recommencements.

Deux traits manqueraient à cette biographie si nous omettions de faire remarquer ce qu’il y a eu, dans la carrière de Louis Blanc, d’invariable et d’absolument désintéressé. Qu’on prenne ses écrits, — dans l’homme d’aujourd’hui, on sera frappé de retrouver, en tout point, l’homme d’il y a cinquante ans. Et pour ce qui est de son désintéressement, en fut-il jamais de plus complet ? Louis Blanc n’a jamais brigué aucun emploi ; il n’a jamais poursuivi aucune