son poste à l’Assemblée, il fut reconnu sur le seuil par quelques furieux qui l’assaillirent en criant : « Il faut le tuer ! » Et c’en était fait de lui si plusieurs de ses collègues, avertis à temps, n’étaient sortis précipitamment de la salle des séances pour le secourir et ne l’avaient disputé à la rage des meurtriers. On lui arracha les cheveux, on lui tordit les mains, on lui donna plusieurs coups de baïonnette, qui par un hasard miraculeux n’atteignirent pas son corps et ne firent que mettre en lambeaux son habit, lequel resta entre les mains d’un des huissiers de service, triste témoignage de l’excès des passions de parti. Qui pourrait avoir assisté à cette séance de nuit, et ne pas voir encore Louis Blanc montant à la tribune afin d’y témoigner en faveur de Barbès, dans un état à faire pitié, c’est-à-dire en bras de chemise, les cheveux épars et le visage ensanglanté ! Mais, encore une fois, la réaction voulait le frapper à tout prix, et il ne fallut pas moins que l’évidence même pour déterminer le vote qui, dans la journée du 3 juin, refusa au gouvernement l’autorisation de poursuites.
Ce n’était qu’un ajournement. Après les sanglantes journées de juin, dans lesquelles il