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plongeaient tous les jours dans ce vaste océan de l’activité parisienne, dont le fond réserve plus de cailloux que de perles.

Louis Blanc, en attendant mieux, se procura quelques maigres leçons de mathématiques. Les élèves se fussent volontiers, et à leur grand profit, accommodés du maître ; les parents en revanche se défiaient. Un professeur âgé de dix-sept ans à peine, et dont la taille frêle, les proportions délicates, le regard doux et souriant, accusant tout au plus une douzaine d’années ! Un enfant précoce, fort sympathique d’ailleurs, mais par là même plus apte à plaire qu’à commander, porté plutôt à susciter des sentiments de bienveillance et de protection pour lui-même, qu’à imposer une autorité sérieuse à d’autres. Ce premier aspect, cette impression initiale de juvénilité longtemps persistante exerceront en maintes occasions une influence grave sur les destinées du futur journaliste, de l’homme politique, du tribun.

Cependant, le professorat à cachets ne se présentant en définitive que sous forme d’un labeur ingrat, Louis Blanc essaya d’aborder la vie par un autre côté. Il se fit admettre en qualité de petit clerc à l’étude de Me Collot,