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Cela était fort bon à dire, mais de pratique peu commode.

— La France est maîtresse chez elle ; Auguérand est en France, et sa formule aussi. Qui assurera l’humanité contre le péril d’une brusquerie parisienne ? Tout est à craindre de l’émeute impulsive, pour qui la tête d’un savant ne compterait guère plus que celle d’un roi, et qui raserait une clinique plus vite encore qu’une Bastille.

Cette hypothèse qui, d’ailleurs, ne manquait pas de vraisemblance, devait normalement traîner après elle une question immédiate :

— Tolérera-t-on que le caprice de Paris prive l’humanité d’une conquête qui appartient à tous ?

La question ainsi posée n’admettait qu’une réponse :

— Non !

Elle fut unanime sur ce point, même les États-Unis opinaient contre nous ; malgré leur despotisme administratif, ils professaient à l’égard des inventions un culte trop fervent pour consentir à l’attentat contre une si précieuse trouvaille.

— Mais, comment obvier au mal qui se prépare ? Déclarer la guerre à la France ? Envoyer sur Paris des avions obusiers ? Ils arriveront trop tard, Paris a de quoi leur répondre, leur victoire serait incertaine, leur venue exaspérerait la capitale, et plus que jamais les pires excès seraient à redouter. Sommer le gouvernement de protéger l’inventeur et de sauver sa découverte ? Si le gouvernement cède à l’injonction des puissances, la furie populaire se retournera contre lui et le renversera avant qu’il puisse agir.