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Cerf, durée maximum, 40 ans ; impossible à mener au delà de 90 (excès annuel du souci génésique).

Rat, durée 4 ans ; atteignent 12.

Cochon, 20 ans ; types obtenus, 50 ; atteindront la soixantaine (réputation usurpée ; beaucoup plus chaste que ses homonymes de l’espèce humaine).

Cheval, durée, 35 ; types actuels, 60 ; donneront davantage.

Etc. La liste officielle et complète sera publiée ultérieurement.

Ce paragraphe du pantogramme provoqua de médiocres applaudissements : il ne passionnait guère que la Société protectrice des animaux, devenue d’ailleurs très influente en 1941, et les demoiselles âgées ; quant à la masse du public, elle appréhendait un peu de conclure à une assimilation parfaite entre les citoyens et les bêtes ; il faut dire aussi que des avantages si nettement marqués en faveur de la chasteté et même de la continence étaient de nature à refroidir l’enthousiasme des Français ; plusieurs hommes s’affichèrent gaiement comme hostiles à une cure qui réclamait de prime abord un trop sérieux sacrifice ; maintes dames ne craignirent point de les approuver à haute voix. À cette critique, les esprits modérés objectèrent qu’il serait loisible à chacun de ne pas tripler sa vie par les privations, mais simplement de la doubler en ne se privant de rien. Le petit commerce se montrait plein de confiance. Néanmoins, par une particularité assez typique, un vif mécontentement se manifesta à Marseille : la Canebière déclarait que le principe même d’une telle médication porte atteinte à la liberté de l’amour, et la Bourse baissa, tandis qu’elle continuait à monter partout ailleurs, notamment à New-York et à Londres, où la prime donnée aux bonnes mœurs ne pouvait manquer de recevoir une approbation officielle.

Quatrième pantogramme affiché, 11 h. 20. — Victoire ! Triomphe ! Le doute ne semble plus permis. Auguérand conduit la commission dans le sanatorium humain. Trente-trois sujets surprenants, hommes, femmes, tous munis de leur état civil dûment légalisé. La comparaison des actes de naissance avec l’aspect réel des personnages présente des contrastes inimaginables :