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Elle sonna de nouveau sa camériste et lui dit :

— Julie, lisez cette lettre. Vous verrez si ma belle-sœur exagère.

« Si je vous la fais lire, c’est pour éviter de vous donner des explications au sujet de ce jeune homme qui va arriver d’un moment à l’autre.

« S’il vient en mon absence, vous le recevrez poliment, mais sans plus. Vous lui dresserez provisoirement un lit sur le divan dans le petit salon. On verra après ce qu’on en fera. D’ailleurs, j’espère le réexpédier le plus vite possible à sa famille qu’il a eu bien tort de quitter.

« Qu’est-ce qu’il vient fiche ici ? Je me le demande.

— Moi aussi, madame.

— Vous aussi, naturellement. Il faut être du fond de sa province pour arriver ainsi à l’improviste chez les gens qui ne vous attendent pas.

« Pour le moment, Julie, je vais m’habiller, car je dois sortir de bonne heure…

— Madame déjeunera à quelle heure ?

— Je ne déjeunerai pas. Je suis invitée par mon amie Jeanne.

Et en disant cela, Adrienne eut un petit rire nerveux qui voulait dire :

— Comme je vais troubler leur tête-à-tête à ces deux-là !

Elle rejeta draps et couvertures et sauta vivement en bas de son lit. Une fois encore elle se regarda dans la glace et poussa un long soupir.

— Madame est très bien, déclara la servante.

— Vous trouvez, Julie ! Cependant, il paraît qu’il y a mieux puisqu’on me trompe.

— Ce n’est pas possible.

— C’est tellement possible que cela est vrai. Mais je vais me venger.

— Oh ! Madame fera rudement bien. Les hommes, c’est tous des propres à rien.

— Qu’est-ce que vous en savez ?…

— J’en sais ce que j’en sais…

Et à son tour Julie poussa un long soupir tout en aidant sa