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Elle décacheta l’enveloppe et commença la lecture de la missive.

Au fur et à mesure qu’elle lisait, un ennui se montrait sur son visage.

Et il y avait de quoi.

La lettre, en effet, était de sa belle-sœur, cette Mme Valentin habitant le fond de la province, qui lui écrivait :

« Ma chère Adrienne,

« Cette lettre ne précédera que de quelques heures l’arrivée chez vous de notre fils Alfred.

« Nous l’envoyons à Paris pour chercher une situation, C’est maintenant un grand jeune homme de vingt ans bientôt. Il ne sait encore dans quelle voie se diriger, mais vous pourrez peut-être lui trouver quelque chose dans vos relations.

« Comme vous avez toujours dit que vous vous intéresseriez aux neveux de votre mari, nous n’avons pas hésité un seul instant à nous adresser à vous.

« D’autre part, comme Alfred ne connaît personne à Paris, nous avons pensé que vous pourriez le loger chez vous et veiller sur lui afin de lui éviter les mauvaises fréquentations qui guettent toujours dans la capitale un jeune homme seul.

« Nous vous remercions d’avance de tout ce que vous ferez pour Alfred et nous excusons d’avoir ainsi disposé de vous.

« Croyez à nos sentiments bien affectueux.

Lucienne Valentin.

Lorsqu’elle eut achevé la lecture de cette lettre, Adrienne qui n’était pas déjà très bien disposée, s’écria :

— Eh bien ! Elle ne se gêne pas, Lucienne Valentin, née Rouchaud :

« Nous nous excusons d’avoir disposé de vous ». Tu parles qu’ils disposent de moi ? Non, mais, quel toupet ! En voilà une idée de vouloir me faire servir de chaperon à un gamin de vingt ans qui va m’appeler « ma tante ! » long comme le bras… Comme c’est amusant !

« Enfin, je m’occuperai de cette histoire là ce soir… Ce matin j’ai mieux à faire.