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c’est aujourd’hui le mariage religieux à Saint-Honoré-d’Eylau…

— Et M. Alfred, où est-il ?

— Dame !… Vous pensez bien qu’il est au mariage, lui aussi.

— Allons-y vite !…

Et les Valentin reprirent leur taxi pour se faire conduire à l’église indiquée où ils arrivèrent juste pour voir sortir le cortège nuptial, la mariée tout en blanc, une inconnue pour eux, au bras de Paul Declaux, suivie d’Adrienne s’appuyant sur le bras d’Alfred.

M. Valentin se précipita, congestionné, dérangeant la belle harmonie des couples :

— Arrêtez ! Arrêtez ! s’écria-t-il… Cette femme est une aventurière ! Elle n’est pas ma fille… la sœur d’Alfred… la voici…

Et il désignait sa fille à côté de lui.

Mais on l’écarta brutalement, en disant : C’est un fou !

Alfred pourtant écrivit rapidement quelques mots au crayon et lui fit porter ce billet :

« Ne te troubles pas, papa. Et viens nous retrouver aux Champs-Élysées pour le lunch !… Là tu pourras dire tout ce que tu voudras, au moment des discours. »

M. Valentin montra le billet à sa femme :

— Que dis-tu de cela, Lucienne ?

— Je ne dis rien. Je suis suffoquée… Mais allons toujours au lunch.

Et ils se rendirent, en effet, dans le restaurant des Champs-Élysées où le lunch était servi, offert par les parents du marié, qui avaient largement fait les choses.

La jeune épousée se tenait très bien. Elle ne disait pas grand’chose, mais elle faisait passer les plateaux avec les petits gâteaux, et tout le monde trouvait très gracieux ce geste pourtant si naturel de la part de Julie, qui y excellait et pour cause.

Bientôt, on se groupa et un jeune avocat, au nom de ses collègues du barreau, prit la parole pour féliciter son heureux collègue.