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plus tard au neveu et à la nièce de son mari. C’était le moins qu’elle pouvait faire pour témoigner sa reconnaissance envers un homme qui avait eu à son égard toutes les délicatesses, y compris celle de se retirer discrètement de la vie, assez tôt pour qu’Adrienne pût encore jouir de l’existence.

La famille Valentin-Rouchaud, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, entretenait des relations en apparence très cordiales avec la veuve de l’oncle Ambroise.

Adrienne, après avoir rendu pieusement les derniers devoirs à son mari, était retournée à ses amours personnifées par M. Paul Duclaux, qui avait naturellement été l’ami du défunt et dans les bras duquel la belle Adrienne prenait la part d’affection que son époux était incapable de lui donner malgré toute sa bonne volonté.

Jusqu’à ce jour, Paul s’était montré passionnément épris de sa maîtresse qui était heureuse d’une telle constance. Et voilà que soudain une lettre déchirée ramassée par hasard, lui révélait que son amant la trompait avec sa meilleure amie, Jeanne Beauger, une artiste qu’il avait rencontrée chez une amie d’Adrienne et que celle-ci elle-même lui avait présentée.

— Ce sont deux misérables, disait-elle rageusement, deux misérables !… Et je me vengerai !

« D’abord, ma petite Jeanne, tu Vas voir si je vais t’en donner, moi, « une bonne après-midi » avec ton Paul… « Son Paul ! Voyez-vous cela ! Alors, moi, on me plaque et on doit se ficher de moi dans les grands prix… Attendez, mes petits agneaux, Attendez !… Vous allez voir de quel bois je me chauffe !…

À ce moment la servante frappa à la porte de la chambre.

— Entrez, Julie ! répondit Adrienne.

Julie était une jolie fille de vingt ans, aux yeux pétillants, à la poitrine bien formée, brune appétissante qui riait toujours.

Elle entra, et remettant un pli à sa maîtresse :

— Voici, dit-elle, une lettre pour madame.

— Une lettre ? fit Adrienne avec surprise. De qui donc ?